Après une visite d’Etat de trois jours et un programme bien rempli, Nicolas Sarkozy est revenu cette nuit de Chine. Bilan de ce voyage. Une belle moisson, une superbe récolte. 20 milliards de grands contrats. Areva, Airbus, Alstom, chacun ravi. Un triple A. Bilan donc à priori magnifique. Quelques bémols pourtant. Ces grands contrats sont, pour certains, de vieilles affaires, des dossiers en négociation depuis des années. Ils ont enfin abouti. Une manière, côté chinois, de faire plaisir au nouvel empereur français !
Pour les décrocher, les industriels tricolores ont dû faire néanmoins des cadeaux qui risquent, à terme, de leur coûter cher. Des ristournes sur les prix. Des transferts massifs de technologie. Pour les centrales nucléaires comme pour les avions. Et puis, surtout, ces grands contrats, c’est un peu un rideau de fumée. Ils cachent une réalité un peu moins heureuse. Sur les véritables contentieux, la sous-évaluation du yuan, la copie des marques et brevets, la contrefaçon, le respect des contrats, voire Schneider et Danone, Paris n’a rien obtenu de substantiel sinon quelques belles paroles verbales - qui n’engagent à rien et, bien sûr, de courtois sourires.
Le président français a pourtant tout fait pour ne pas froisser ses interlocuteurs, c’en est même spectaculaire ! Nicolas Sarkozy a, dans ce voyage, revêtu les habits de son prédécesseur, Jacques Chirac. Sur le Tibet, Taïwan, la levée de l’embargo sur les armes, voire les droits de l’homme, sur tous ces sujets sensibles, il a pris le parti de Pékin. La realpolitik, dira-t-on. Les communistes chinois avaient quelques appréhensions sur le nouveau président français : ils ont découvert, ravis, un enfant de Chirac ! La presse chinoise s’en réjouit, ce matin. Nicolas Sarkozy, le candidat, n’avait pourtant pas manqué, à l’époque, de critiquer cette attitude. A juste titre. L’Allemagne, les Etats-Unis ou le Japon n’hésitent pas à dire aux Chinois leur quatre vérités, à leur faire part de désaccords profonds, ils font bien plus de commerce avec la Chine que nous ! En fait, la Chine, grande puissance, ne respecte que les grandes puissances. Ce n’est pas la France, seule, qui peut la faire bouger, c’est, pour nous, l’Europe. Quand il était en campagne, Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs suggéré que son premier voyage en Chine, il le ferait avec deux grands dirigeants européens, la chancelière allemande et le premier ministre britannique, manière de bien montrer à Pékin que l’Europe existe, qu’elle est une véritable puissance, qu’elle parle d’une même voix. Dommage qu’il ait renoncé à cette belle idée !