jeudi 6 décembre 2007

Le rapprochement entre la Chine et le Vatican est illustré par l'intronisation de deux évêques

Le Monde - International, vendredi, 7 décembre 2007, p. 6

La double nomination, en moins d'une semaine, de deux évêques chinois appartenant à l'Eglise catholique officielle, et dont les candidatures ont été approuvées par le Saint-Siège, est la marque d'un réchauffement diplomatique entre le Vatican et Pékin. En 2006, la nomination de trois évêques par la Chine sans l'assentiment papal, avait, au contraire, semblé repousser les perspectives d'un rétablissement des relations diplomatiques rompues depuis 1951.

La double nomination, en moins d'une semaine, de deux évêques chinois appartenant à l'Eglise catholique officielle, et dont les candidatures ont été approuvées par le Saint-Siège, est la marque d'un réchauffement diplomatique entre le Vatican et Pékin. En 2006, la nomination de trois évêques par la Chine sans l'assentiment papal, avait, au contraire, semblé repousser les perspectives d'un rétablissement des relations diplomatiques rompues depuis 1951.

Mgr Joseph Gan Junqiu, 42 ans, a été intronisé, mardi 4 décembre, en tant que nouvel évêque du diocèse de Canton, en remplacement de James Lin Bingliang, décédé en 2001 et jamais remplacé depuis.

La semaine dernière, Mgr Francis Lu Shouwang, 41 ans, avait pris les fonctions de nouvel évêque de Yichang, dans la province du Hubei, tout près du barrage des Trois-Gorges érigé sur le fleuve Yangzi. Tous deux appartiennent à l'Association patriotique des catholiques chinois, l'instance officielle créée par le gouvernement en 1957.

En dépit des tensions provoquées par le choix d'évêques qui n'étaient pas les candidats de Rome, le vice-président de l'association patriotique, Lu Guocun, vient de déclarer que, désormais, " 80 % des évêques nommés par l'Eglise catholique chinoise ont reçu ultérieurement l'approbation du Vatican ".

Ces nominations ont eu lieu alors qu'un journal de Hongkong révèle qu'une délégation de haut rang de représentants du Vatican s'est rendue à Pékin il y a deux semaines. Selon le quotidien anglophone The South China Morning post, cette délégation incluait la présence du sous-secrétaire d'Etat du Vatican Pietro Parolin. Aucun officiel du Saint-Siège d'un rang si élevé n'avait jamais visité la Chine auparavant.

Toujours selon le même quotidien, cette rencontre entre les délégués du Vatican et des responsables chinois à Pékin était initialement prévue au début du mois de novembre. Elle a été retardée en raison de rumeurs circulant en Europe et qui faisaient état d'un possible entretien entre le pape Benoît XVI et le dalaï-lama. Tout récemment, et après la fin de la visite des émissaires du Vatican à Pékin, le Saint-Siège a fait savoir qu'aucune rencontre entre le pape et le chef de l'Eglise tibétaine n'était prévue...

L'amélioration des relations entre la Chine et le Vatican pourrait remettre sur les rails des négociations en vue d'un rétablissement diplomatique entre Pékin et le Saint-Siège. Même s'il n'est pas exclu, à l'avenir, que les autorités chinoises continuent d'introniser parfois des évêques de leur choix, ne serait-ce que pour montrer au Vatican que la liberté de culte reste conditionnée en République populaire au bon vouloir des autorités.

Entre 8 et 12 millions de Chinois sont catholiques, se répartissant entre l'Eglise officielle et l'Eglise " souterraine ", dont les responsables n'obéissent qu'à l'autorité du pape.

Mardi, un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Qin Gang, a déclaré que la " Chine est désireuse de conduire un dialogue constructif avec le Vatican afin d'explorer les façons d'améliorer nos relations ". Il a ajouté, en matière d'avertissement, que Pékin " espère que le Vatican tiendra compte de l'histoire et de la réalité de l'Eglise catholique chinoise ".

Bruno Philip

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