En pleine construction de ses places boursières, la Chine avance à petits pas. C'est le second marché à terme qui ouvre à Shanghaï, après celui du zinc, lancé en mars dernier. « Il s'agit d'une étape importante pour le marché chinois de l'or, qui présente actuellement des insuffisances, pour ne pas dire des faiblesses. Cela va permettre d'élargir l'accès au marché et de professionnaliser davantage les opérations », estime Tiger Lai, président pour la Chine, Taïwan et Hongkong de la société de courtage Fareast Gold à Hongkong.
Concurrencer Chicago
La Chine a, comme souvent, beaucoup d'ambition en la matière. Elle aimerait rivaliser avec les plus grandes places mondiales, Tokyo, New York et Chicago, et s'approprier une bonne part du gâteau aurifère. L'empire du Milieu s'est déjà fait un nom dans le secteur en talonnant de près les plus grands producteurs mondiaux. Avec une production qui devrait dépasser 260 tonnes, selon la China Gold Association, certains classements consacrent déjà le pays comme le premier producteur d'or, devant l'Afrique du Sud, l'Australie et les États-Unis.
Du côté de la consommation d'or, la Chine fait aussi figure d'ogre. La demande s'est élevée en 2006 à 269 tonnes, soit 9,23 % de la consommation mondiale, et elle atteignait déjà 221 tonnes fin septembre dernier. À ce rythme, la Chine talonne déjà les États-Unis pour devenir le deuxième consommateur mondial, derrière l'Inde.
Un appétit qui s'explique en grande partie par la croissance vertigineuse des bijoutiers dans ces deux pays, mais aussi à l'essor de certaines industries de haute technologie, qui ont recours au métal jaune. Les autorités chinoises redoutent cependant que les petits porteurs, déjà très actifs sur la place boursière de Shanghaï, ne soient pris par la fièvre de l'or. La semaine dernière, la China Banking Regulatory Commission (CBRC) s'est fendue d'un communiqué, aux airs de petit précis à l'usage des apprentis boursicoteurs, mettant en garde contre les investissements risqués. Pour l'or, après avoir émoustillé l'intérêt des particuliers à coups d'annonces, en septembre dernier, la SFE a finalement précisé que chaque contrat à terme ne pourra pas porter sur moins de 1 000 grammes d'or par lot, contre les 300 grammes d'abord annoncés.
Cet investissement écarte de fait les petits porteurs pas assez riches, sans peser sur les investisseurs institutionnels pour qui cette valeur refuge peut être utile. Les instances de régulation chinoises craignent que les particuliers, qui n'ont découvert la Bourse que très récemment - les marchés existent depuis quinze ans et ne sont véritablement actifs que depuis deux ans -, ne se perdent dans les subtilités des marchés à terme.
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