mercredi 6 février 2008

Un Chinois nommé économiste en chef de la Banque mondiale - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20104 - International, mercredi, 6 février 2008, p. 7

C'est une première. Un Chinois, le professeur Lin Yifu, a été nommé hier économiste en chef de la Banque mondiale, en remplacement du Français François Bourguignon. Une nouvelle étape marquante dans la carrière de cette personnalité atypique. Sa légende a commencé une nuit de mai 1979. Le brillant étudiant né à Taiwan est alors officier sur l'île de Kinmen, toute proche des côtes chinoises. « Il a longtemps réfléchi, regardant au loin, de l'autre côté du détroit, la ville de Xiamen, avant de se décider à plonger dans les eaux noires », se régalait, hier, Xinhua, l'agence officielle chinoise. Accroché à deux ballons de basket-ball, le « transfuge » aurait nagé 2.000 mètres pour gagner le rivage de la République populaire de Chine. Il a alors vingt-six ans et va entamer une carrière académique fulgurante dans le pays.

Diplômé de l'université de Pékin et titulaire d'un doctorat de l'université de Chicago, il a enseigné dans plusieurs grands établissements chinois avant de retrouver la faculté de Pékin, où il a fondé et dirige l'influent Centre pour la recherche économique. Grand connaisseur du développement rural et de la décentralisation fiscale, il a conseillé différents gouvernements chinois.

Essor irrésistible

Il a d'ailleurs assuré, hier, que cette expérience chinoise et le pragmatisme des autorités de Pékin l'aideraient à appréhender les difficultés des pays en développement. « En tant que premier chef économiste d'un pays en voie de développement, Lin Yifu va nous apporter un éventail unique de compétences », a renchéri Robert Zoellick, le président de la Banque. L'ancien représentant américain au Commerce a, d'ailleurs, toujours plaidé pour une meilleure représentativité des grands pays en développement au sein des grandes institutions.

Sur la même ligne, les analystes de Pékin expliquaient, hier, que l'accession de l'un de leurs ressortissants à un poste si prestigieux témoignait de l'essor irrésistible de leur pays sur la scène internationale.

YANN ROUSSEAU DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.

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