mardi 13 mai 2008

CHIFFRE - La banque centrale chinoise relève le ratio

Le Figaro, no. 19838 - Le Figaro Économie, mardi, 13 mai 2008, p. 19
La banque centrale chinoise a annoncé hier qu'elle allait relever d'un demi-point, à 16,5 %, le ratio de réserves obligatoires des banques à partir du 20 mai, afin de contenir la croissance des crédits et de l'inflation.


- Le Monde - Economie, mercredi, 14 mai 2008, p. 13
Pékin tâtonne dans sa lutte contre l'inflation

LES AUTORITÉS chinoises ne savent plus comment contenir la poussée d'inflation qui a atteint 8,5 % en glissement annuel en avril, après 8,3 % en mars et 8,7 % en février.

Pour la quatrième fois depuis le début de l'année, elles ont relevé d'un demi-point, à 16,5 %, le ratio de réserves obligatoires des banques, afin de réduire la croissance de la monnaie en circulation.

Cette parade risque de se révéler aussi inefficace que les onze augmentations de l'année 2007, car l'inflation chinoise est essentiellement importée par le biais de l'énergie et des produits alimentaires. Si l'on enlève ces deux postes, l'inflation sous-jacente est de 1,8 %, certes en accélération, mais supportable.

En fait, les autorités chinoises sont prises en tenaille. Pour contenir l'inflation des produits alimentaires, il leur est impossible d'augmenter la production agricole, compte tenu de la raréfaction des terres arables due à la poussée de l'urbanisation. Elles ne peuvent pas plus contenir le désir des Chinois d'utiliser leur réel enrichissement pour manger plus et mieux, ce qui tire les prix vers le haut.

Pourtant, elles doivent impérativement lutter contre l'inflation, car leurs concitoyens ne supporteront pas longtemps sans réagir une hausse des prix alimentaires de 22,1 % en un an et en particulier du porc, de 68,3 %.

Elles mettent en place, dans le désordre, un contrôle des prix des produits de première nécessité et des augmentations des taxes à l'exportation de matières premières agricoles. Sans grand succès.

Une autre solution consisterait à laisser la monnaie, le yuan (non-convertible), s'apprécier par rapport au dollar et à l'euro. Cela permettrait d'acheter à meilleur compte les nourritures dont la Chine ne peut plus se passer. Jusqu'au mois d'avril, il semblait que telle était la stratégie de Pékin, puisque le yuan avait progressé de 18 % en un an et demi par rapport au billet vert.

Depuis un mois, la monnaie chinoise ne bouge plus du taux de 7 yuans pour 1 dollar. En effet, le gouvernement redoute qu'un yuan trop fort n'attire des capitaux spéculatifs étrangers, notamment dans l'immobilier, déjà en surchauffe.

Il craint plus encore que le renchérissement du yuan aggrave le recul perceptible des exportations vers les Etats-Unis. Ce qui fragiliserait l'emploi chinois et pourrait provoquer, là encore, des émeutes.

Comme les Etats-Unis, confrontés à une stagflation, Pékin ne peut choisir qu'entre des inconvénients.

alain Faujas

© 2008 SA Le Monde. Tous droits réservés.

0 commentaires: