La modernisation de la défense chinoise a beau être officiellement placée dans le cadre de la « société harmonieuse et du développement pacifique » de la Chine, cet affichage ne convainc pas les Américains.
Dans son rapport annuel, rendu public vendredi 25 mai, le Pentagone s'inquiète de la montée en puissance de l'armée chinoise, en insistant sur trois secteurs : la panoplie de missiles à longue portée dont s'est doté Pékin, sa flotte de sous-marins nucléaires capables de lancer des missiles JL-2 d'une portée de 8 000 kilomètres, et enfin sa capacité spatiale.
Pour une part, ce rapport a vocation à encourager l'effort de défense américain, c'est-à-dire à conforter la thèse des experts, notamment républicains, qui ne cessent d'alerter le Congrès et l'opinion américaine sur le fait que Pékin est, à long terme, le seul véritable ennemi stratégique des Etats-Unis.
Cette analyse est étayée par plusieurs facteurs. La Chine ne cache pas que son objectif final est de disposer de forces armées informatisées capables de gagner les guerres du XXIe siècle. Pékin a pour ambition de s'opposer et de contenir les forces adverses soutenant l'« indépendance de Taïwan » - une manière indirecte de désigner les Etats-Unis.
La doctrine chinoise n'est pas éloignée d'une stratégie de « préemption ». Il est question de « prendre l'initiative avec des frappes offensives » et de « détruire les capacités ennemies avant qu'elles ne soient employées ». A cette fin, Pékin se dote peu à peu d'une marine de haute mer, renforce son parc de missiles de croisière, et continue de masser quelque 900 missiles mobiles de courte portée (300 à 600 kilomètres) en face de Taïwan. Le développement de sa puissance navale répond au souci d' « étendre ses intérêts stratégiques dans la «grande périphérie» comprenant l'Asie centrale et le Moyen-Orient », selon Washington.
Pékin cherche ainsi à maintenir son accès à des ressources et des marchés indispensables à son développement économique et à établir une présence et une influence régionales susceptibles « d'équilibrer et d'entrer en compétition avec d'autres puissances, dont les Etats-Unis, le Japon et l'Inde, dans des zones éloignées des frontières de la Chine », note le Pentagone. Actuellement, la Chine n'a pas la capacité de protéger efficacement ses routes d'approvisionnement en énergie, notamment le détroit de Malacca, par où transitent 80 % de ses importations de pétrole.
ESSAI ANTISATELLITE
Le Pentagone insiste sur la panoplie de missiles balistiques intercontinentaux qui équiperont à terme les forces nucléaires, tels les DF-31 et DF-31 A, d'une portée respective de 7 200 et 11 200 kilomètres. Il relève que la Chine teste la seconde génération de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de classe Jin. Le ministère américain de la défense estime également que l'essai antisatellite de janvier n'est qu'un élément d'un vaste programme visant à empêcher l'accès d'autres pays à l'espace.
Outre la capacité de détruire des satellites situés en orbite basse, Pékin possède la faculté de brouiller les satellites de communication et les récepteurs GPS. Le Pentagone relève le manque de transparence du budget de défense chinois, qui est officiellement limité à 45 milliards de dollars en 2007 (près de 35 milliards d'euros), mais se situe probablement entre 85 et 125 milliards de dollars.
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