La bulle boursière chinoise est-elle sur le point d'éclater ? Après une croissance exceptionnelle de plus de 300 % en deux ans, l'indice de la place financière de Shanghaï a perdu près de 35 % depuis le début de l'année. C'est l'une des plus mauvaises performances des Bourses mondiales répertoriées par l'agence Bloomberg.
La compagnie pétrolière Petrochina, cotée sur ce marché depuis novembre 2007 qui s'était hissée symboliquement au rang de première capitalisation boursière mondiale - devant les géants américains Microsoft et Exxon réunis -, a depuis perdu 60 % de sa valeur.
Le tremblement de terre au Sichuan, le 12 mai, jugé par le premier ministre chinois, Wen Jiabao, comme " le plus dévastateur de l'histoire du pays ", a finalement eu raison de la confiance des investisseurs alors que ceux-ci avaient bien résisté à la crise des subprimes. Certes, cette province ne représente que 4,5 % du produit intérieur brut (PIB) chinois, mais " les investisseurs ont compris que cela aggraverait l'inflation ", explique Yoon Lai Choo, gérante à Hongkong pour Comgest. Depuis trois mois, la hausse des prix liée à la flambée des produits alimentaires dépasse 8 %. Or, le Sichuan est spécialisé dans l'élevage de porcs, très consommés en Chine, dont les prix grimpent déjà au rythme de 60 % l'an.
L'inflation est la plaie de la croissance chinoise. Signe de la surchauffe, elle oblige le gouvernement à agir pour freiner l'expansion économique en ajustant la politique monétaire. Selon Pékin, la hausse du PIB de près de 12 % en 2007 devrait revenir autour de 10 % cette année. " Les épargnants ne s'y attendaient pas, ils ont été choqués ", indique Yoon Lai Choo. La réaction du marché a été brutale car les épargnants redoutent que la croissance ralentisse plus nettement encore, affectée par la crise aux Etats-Unis.
AFFOLEMENT DES PETITS ÉPARGNANTS
En outre, sur les places de la République populaire, encore très fermées aux investisseurs étrangers, les intervenants sont en majorité des petits épargnants individuels qui s'affolent facilement. Attirés par la flambée du marché, certains ont lâché leur profession pour se consacrer uniquement à leur portefeuille d'actions. " Aujourd'hui, ils perdent de l'argent, mais ce n'est pas une si mauvaise chose, cela fait partie de leur apprentissage ", juge Gigi Chan, gérante chez Threadneedle. La flambée de ce marché chinois, en partie liée à l'inexpérience de ces investisseurs, inquiétait. Ainsi, en décembre 2007, l'action d'une même société était valorisée 100 % plus cher à Shanghaï que sur le marché de Hongkong où opèrent les investisseurs institutionnels. Aujourd'hui, la prime est redescendue autour de 35 %. La baisse du marché rassure donc en partie les gérants professionnels. D'autant que, pour l'instant, aucun n'évoque le scénario noir d'un krach.
" Le gouvernement est là pour l'éviter, il a déjà donné des signes de soutien ", indique Gigi Chan. Fin avril, l'Etat a annoncé une baisse de l'impôt sur les transactions boursières pour enrayer la baisse. En une semaine, la Bourse de Shanghaï a rebondi de 15 %. " L'Etat ne laissera pas l'indice passer sous la barre des 3 000 points ", assure-t-elle.
Claire Gatinois
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