vendredi 6 juin 2008

Les Chinois éprouvent attirance et méfiance envers la France - Jean-Christophe Ploquin

La Croix, no. 38071 - Monde, jeudi, 5 juin 2008, p. 6
Les jeunes Chinois conservent une bonne image de la France même si leur patriotisme a souffert de l'épisode du passage mouvementé de la flamme olympique à Paris en avril. C'est le constat posé avant-hier soir par le professeur Jiang Changjian, de l'université Fudan de Shanghaï.

Intervenant dans le cadre d'une conférence organisée par la Fondation pour l'innovation politique, l'École normale supérieure et La Croix, il a détaillé les résultats d'un sondage effectué auprès de 4 300 jeunes dans dix grandes villes de Chine, entre le 25 avril et le 11 mai.

Globalement, la France bénéficie d'une grande notoriété et d'un réel pouvoir d'attraction en Chine. Un tiers des jeunes interrogés déclarent utiliser des produits français. Les films produits dans l'Hexagone bénéficient d'une très bonne diffusion et sont considérés comme son principal vecteur culturel. Le français est la seconde langue étrangère la plus apprise, derrière l'anglais. L'Hexagone apparaît aussi en tête des destinations rêvées.

Le classement est moins favorable dans les secteurs de l'économie et de la politique internationale. Les Français sont considérés comme moins audacieux que les Allemands dans les domaines de haute technologie. Et dans le concert des nations, ils sont perçus comme s'ingérant trop souvent dans les affaires d'autrui.

Invité pour apporter la contradiction à Jiang Changjian, le sinologue Jean-Luc Domenach a souligné le risque d'une vision trop idyllique des relations franco-chinoises, évoquant leur « déclin ». « Les deux pays ont moins besoin l'un de l'autre que dans les années 1970-1980, a-t-il insisté, et tous deux vérifient davantage l'efficacité économique de leurs relations politiques. »

Devant 150 personnes comprenant une trentaine d'étudiants chinois, il a aussi souligné la propension des Chinois à penser que « les nationaux sont détenteurs de la vérité sur leur propre pays ». « Or, c'est faux. On peut critiquer son pays sans perdre la face », a-t-il ajouté.

À l'inverse, certains des étudiants chinois présents ont applaudi Jiang Changjian lorsqu'il énonçait une vision patriotique. « Quand il y a une atteinte aux principes de souveraineté et d'unité de la Chine, 80 % des Chinois sont choqués et protestent », a martelé le professeur, laissant entendre que l'organisation des Jeux olympiques s'inscrit totalement dans cette affirmation de souveraineté et d'indépendance.

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