lundi 2 juin 2008

A Pékin, les tours-opérateurs rayent Paris de leur carte - Arnaud Vaulerin

Libération, no. 8419 - Monde, samedi, 31 mai 2008, p. 12
Une querelle de plus ? Le possible boycott touristique de la France par Pékin risque de compliquer une relation franco-chinoise déjà chaotique depuis le fiasco de la flamme olympique à Paris, le 7 avril. Ce nouvel épisode a démarré jeudi. Sans que l'on s'explique pourquoi il intervient maintenant.



Des tours-opérateurs chinois ont indiqué à l'AFP avoir retiré la France de leurs brochures, précisant suivre ainsi une consigne donnée par la municipalité de Pékin. L'administration du tourisme de la capitale chinoise a démenti vendredi. Mais la porte-parole du Quai d'Orsay ne s'est guère satisfait du communiqué. «Qu'il y ait un démenti c'est une chose, mais nous aimerions des informations plus précises. Il faut absolument que nous ayons des explications pour que nous puissions en tirer les conséquences, a déclaré Pascale Andréani. Car ce serait préoccupant si ce devait être confirmé.» Au bureau économique et commercial de l'ambassade de Chine à Paris, un interlocuteur, qui tient à rester anonyme, dément toute démarche officielle : «C'est la propagande de quelqu'un qui n'aime pas la Chine. C'est impossible et illogique pour le gouvernement de décider de supprimer des tours-opérateurs la destination France.» L'ambassade de France en Chine cherchait encore vendredi à «se faire expliquer les raisons qui pourraient avoir motivé cette décision», a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Pascale Andréani a tenu à préciser que la France suivait avec «une très grande attention ce dossier».

Depuis près de deux mois, Pékin et Paris traversent une sérieuse crise de confiance. Les manifestations autour du passage de la flamme en France ont été très mal vécues en Chine. Et l'incertitude persistante sur la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'ouverture des Jeux, le 8 août, n'arrange rien. Mi-avril, Pékin a fait mine de calmer les protestations antifrançaises après des rassemblements devant les magasins Carrefour en Chine, des appels au boycott des produits français et le barbouillage de drapeaux tricolores avec des croix gammées. Sans convaincre. Dans le même temps, la France a multiplié visites, cadeaux et courbettes et s'est posée en médiatrice dans le conflit entre le dalaï-lama et Pékin. Pour un maigre résultat.

«Morose». Le tourisme deviendra-t-il le nouveau terrain de bataille franco-chinois ? «Sur Internet, les appels au boycott du voyage en France, qui n'ont rien d'officiel, sont réels», témoigne Pierre Shi, directeur général de China Travel Service qui indique qu'une «dizaine de groupes chinois se sont décommandés depuis jeudi». A moyen terme, le directeur général de l'office du tourisme de Paris, Paul Roll, «n'est pas inquiet». Il indique qu'à cause des Jeux, «2008 sera morose. Les Chinois ne voyageront pas beaucoup». Près de 600 000 d'entre eux ont visité Paris en 2007. Avant la querelle olympique.

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