Avant les JO de Pékin. La Chine, et nous, et nous... Troisième semaine : l'économie.
Le taoïsme, version organisée du chamanisme ancestral, le confucianisme, morale philosophique et humaniste, et le bouddhisme, religion importée depuis l'Inde, sont les trois courants religieux principaux en Chine.
Le taoïsme
Selon la tradition, le taoïsme a été développé par Lao Zi, qui aurait vécu vers 600 av. J.-C., puis développée par Zhuang Zi au IVe siècle av. J.-C. Le dao (en chinois : « la voie ») est difficilement définissable : « Voie qu'on énonce n'est pas la Voie, nom qu'on prononce n'est pas le Nom », commence Lao Zi dans le Dao De Jing (« Livre de la voie et de la vertu »). À l'origine, le but des sages taoïstes était de s'approcher au plus près du fonctionnement de la nature, pour s'en nourrir et savourer ainsi le plus longtemps possible le bonheur de vivre. À partir du VIe siècle, en concurrence avec le bouddhisme, le taoïsme va se doter d'une organisation religieuse avec clergé et monastères.
Parallèlement à cette voie philosophique, une religion taoïste s'est aussi développée à partir du IIe siècle apr. J.-C., intégrée à la religion chinoise traditionnelle. Elle se traduit par des mouvements sectaires de type messianique, qui entendent réagir contre l'anarchie et le désordre qui marquent la fin de la dynastie des Han. Ainsi l'École des cinq boisseaux de riz, fondée par Zhang Ling et son petit-fils Zhang Lu, qui se continue toujours aujourd'hui dans l'École Zhengyi, ou « Voie de l'Unité orthodoxe » (le 64e descendant de Zheng Lu vit aujourd'hui à Taïwan). Au XIIe siècle, Wang Zhe (1113-1170) fonde l'école Quanzhen (« Voie de la Perfection intégrale »), actuellement majoritaire en Chine au sein de l'Association taoïste patriotique contrôlée par le gouvernement. Néanmoins, depuis 1992, des rencontres ont lieu avec l'école Zhengyi, le gouvernement souhaitant reconnaître le taoïsme de l'Unité orthodoxe, sans pour autant légitimer ses pratiques exorcistes...
Le confucianisme
Confucius (Kong Fuzi, en chinois) était originaire d'une famille de la petite noblesse de Qufu, dans le Shandong (Nord-Est) et vécut entre 551 et 479 av. J.-C. Lettré, vivant dans une période de rivalités entre les principautés chinoises, il cherche à faire diminuer le niveau de violence dans les relations humaines par l'éducation. Persuadé que la noblesse du coeur est plus importante que celle du sang et qu'elle peut s'acquérir par l'étude, il ouvre la première école privée au monde, dispensant son enseignement à quiconque, en échange de « quelques lamelles de viande séchée ».
Son enseignement, recueilli par ses disciples après sa mort dans les Entretiens, puis développé par des hommes comme Mengzi (IVe siècle av. J.-C.), se base sur le ren, la vertu d'humanité, faite de respect mutuel, de civilité et de la reconnaissance des responsabilités de chacun en fonction de son rang et de sa fonction. La rectitude morale (yi), qu'il appelle de ses voeux, n'est pas qu'un ensemble de règles de conduite, mais un acte sacré qui s'inscrit dans un ordre rituel (li). Sans être à proprement parler une religion, le confucianisme est empreint d'esprit religieux.
Persécuté sous les Qin (221-206 av. J.-C.), le confucianisme devient doctrine officielle de l'État chinois sous les Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.) et ne cessera ensuite de se développer : sous les Song (960-1279), le néoconfucianisme inclura ainsi un système métaphysique lui permettant de répondre au bouddhisme et au taoïsme. Parallèlement, un culte quasi religieux se développe autour de Confucius, assuré par ses descendants. Son 77e descendant, Kong Te-cheng, né en 1920 à Qufu, vit aujourd'hui à Taïwan.
Le bouddhisme
Venant d'Asie centrale par la route de la soie, les premiers moines bouddhistes arrivent en Chine vers le Ier siècle apr. J.-C. C'est donc le bouddhisme mahayana (Grand Véhicule) qui va peu à peu s'installer en Chine, même s'il faut attendre le IVe siècle pour qu'il prenne vraiment corps dans une société chinoise à laquelle il apporte une solution philosophiquement satisfaisante à l'inquiétude de la mort. La grande force du bouddhisme chinois est de s'être parfaitement inculturé à la pensée de ce pays, empruntant largement au taoïsme et au confucianisme. Des écoles purement chinoises se sont développées. Ce furent d'abord des courants très spéculatifs, privilégiant l'exégèse des textes bouddhiques, comme l'école Tientai, fondée par Zhiyi (538-597), ou Huayan, fondée par Fazang (643-712). Suivront des écoles plus méditatives, en particulier le Chan (exporté au Japon, il deviendra le zen) qui, né dans le sud de la Chine, insiste sur la technique méditative et la transmission de maître à disciple.
Le bouddhisme connaît son apogée aux Ve et VIe siècles de notre ère : sous les Tang, le clergé bouddhique aurait constitué 1 % de la population chinoise ! Mais sa puissance provoque des réactions hostiles : en 842, il est interdit, et les moines dispersés ; beaucoup se réfugieront au Tibet, où ils développeront la version ésotérique du bouddhisme (lire La Croix du 26 avril). Le bouddhisme reviendra en grâce sous les Mongols, puis les Mandchous. Fondée en 1953, l'Association bouddhiste patriotique rassemblerait 150 millions de Chinois, en majorité adeptes du mahayana, mais aussi 7 millions de bouddhistes tibétains et un million d'adeptes du bouddhisme ancien, chez les minorités du Yunnan (Sud).
Encadré(s) :
Les confessions minoritaires en Chine
L'islamdL'islam arrive en Chine vers le VIIe siècle par la route de la soie. Le pays compte aujourd'hui 20 millions de musulmans. Pour moitié, il s'agit des Ouïgours et des Kazakhs de la province du Xinjiang (Nord-Ouest). Mais il faut aussi compter 10 millions de Huis, issus du métissage entre les Hans (l'ethnie majoritaire en Chine) et des marchands, arabes ou venus d'Asie centrale et de Perse. Si leur mode de vie est marqué par l'islam, l'usage du mandarin ainsi que l'architecture de leurs mosquées les rattachent clairement au monde chinois. Les Huis sont reconnus comme une minorité par la Chine.Le christianismedArrivé lui aussi par la route de la soie en 635 (lire ci-contre), le christianisme de Chine a d'abord été nestorien (de tradition assyrienne) avant l'interdiction des cultes étrangers en 845. Si des communautés se maintiennent, le christianisme revient en force en 1582, sous sa forme latine, avec le jésuite Mattéo Ricci. Mais le refus de Rome, en 1704, d'autoriser l'adaptation des rites aboutit à un édit de persécution en 1724. Au XIXe siècle, les missionnaires reviennent dans les bagages des Occidentaux et il faut attendre 1946 pour que soit établie une hiérarchie catholique chinoise. En 1951, tous les missionnaires étrangers sont expulsés et l'Association patriotique des catholiques chinois est constituée. Le Saint-Siège, qui reconnaît aujourd'hui la plupart des évêques officiels, tente actuellement un rapprochement avec Pékin. La Chine compte 40 millions de chrétiens, dont 10 à 14 millions de catholiques.Les mouvements syncrétistesdLa Chine compte aussi de nombreux mouvements syncrétistes qui empruntent à la fois au taoïsme, au bouddhisme et au confucianisme. On peut citer parmi eux le Falungong (« pratique de la roue de la loi »), créé en 1992 et mêlant éléments taoïstes et bouddhistes : accusé de visées politiques, il a été interdit par le gouvernement en 1999.
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