lundi 2 juin 2008

Le « dessin du Tao » - Nicolas Seneze

La Croix, no. 38067 - Religion et Spiritualité/Comprendre, samedi, 31 mai 2008, p. 12
Si les Occidentaux ont pris l'habitude de désigner cette figure par l'expression « dessin du Tao », ou encore « Yin et Yang », les Chinois emploient l'expression « tai ji tu », littéralement « dessin du faîte suprême ». L'idéogramme « ji » renvoie expressément à la poutre faîtière, point culminant du toit mais aussi son lieu d'inflexion, quand il change de pente et redescend.




C'est l'un des fondements de la pensée taoïste : ce qui atteint son apogée se retourne et se transforme en son contraire. Il serait faux cependant de voir ici une représentation du Dao - dont Lao Zi souligne, dès les premiers mots du Dao De Jing, qu'elle est impossible. C'est plutôt sa dynamique qui est ici exprimée. Comme le décrit le sinologue Cyrille J.-D. Javary (1), il s'agit de « la danse concertante de chacune des deux polarités, blanche pour le Yang et noire pour le Yin. L'une et l'autre à l'état naissant et infime, en bas pour le Yang, en haut pour le Yin ; puis chacune se développe en montant pour le Yang, descendant pour le Yin, pour finalement culminer dans sa zone de prédilection en haut (sud/été) pour le Yang, en bas (nord/hiver) pour le Yin, provoquant alors par cette culmination même la naissance de la polarité opposée dont le germe était en puissance : les ronds, blanc dans la goutte noire et noir dans la goutte blanche ».

© 2008 la Croix. Tous droits réservés.

0 commentaires: