Arrivé hier soir à Tokyo pour une longue visite de cinq jours, le président Hu Jintao vise une réelle réconciliation avec son voisin dont le passé militariste a laissé des blessures encore profondes en Chine. Pékin avait quasiment gelé les relations avec le Japon durant les mandats du premier ministre Junichiro Koizumi, entre 2001 et 2006, en raison de ses visites au sanctuaire Yasukuni...
..., consacré aux soldats morts pour l'empire nippon, parmi lesquels figurent plusieurs criminels de guerre. Le précédent séjour d'un chef de l'État chinois dans l'archipel remonte à 1998 et n'avait pas été un franc succès.
« J'espère qu'à travers cette visite nous pourrons renforcer notre confiance mutuelle et notre amitié, approfondir notre coopération et ouvrir un nouveau chapitre pour une relation mutuellement profitable », a déclaré Hu Jintao à sa descente d'avion. « Au nom du peuple et du gouvernement chinois, je saisis cette occasion pour présenter au peuple japonais notre profonde gratitude et notre reconnaissance », a-t-il ajouté. Signe de l'importance que les Japonais accordent à cette visite, trois rencontres sont prévues avec l'empereur Akihito, dont les apparitions en public sont exceptionnelles.
Les questions liées à l'histoire douloureuse de l'occupation japonaise dans les années 1930 et 1940 ne devraient être qu'effleurées. Pékin a besoin d'un environnement stable et pacifique pour poursuivre sa croissance économique et souhaite consolider la réconciliation avec Tokyo entamée en 2006 sous l'impulsion de Hu Jintao. Mais le désaccord sur l'exploitation commune de gisements de gaz et de pétrole en mer de Chine orientale, le manque de transparence des dépenses militaires chinoises, selon Tokyo, le renforcement de la coopération militaire nippo-américaine, le nucléaire nord-coréen et le dialogue à six que Pékin porte à bout de bras, de même que la qualité des produits alimentaires chinois après la découverte au Japon de raviolis chinois contenant de l'insecticide, sont notamment prévus dans les discussions.
Au moment même où Hu Jintao s'envolait pour Tokyo, les émissaires du dalaï-lama quittaient la Chine avec une offre solide de Pékin de se revoir pour un deuxième cycle de pourparlers, marquant un petit pas vers la reprise du dialogue. « C'est une bonne première étape », a estimé Lodi Gyari, l'un des envoyés spéciaux du chef spirituel tibétain. « Nous avons eu une discussion très franche », a-t-il ajouté, évoquant les pourparlers d'une journée qui ont eu lieu dimanche dans la ville méridionale de Shenzhen. Peu avant, l'agence officielle Chine nouvelle annonçait que les deux parties étaient convenues de se revoir et rappelait que Hu Jintao a dit espérer « un résultat positif » de ces discussions, soulignant que « la porte du dialogue reste ouverte ».
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