mardi 7 octobre 2008

RETRANSCRIPTION AUDIO - Le freinage chinois - Alexandre Alder

France culture - La chronique internationale - mardi 7 octobre 2008
La Chine est en train de freiner. Les nouvelles sont mauvaises, les voyants sont au rouge. Mais on doit remarquer que dans la récession des années 90, la Chine avait toute seule continuer son ascension et elle avait beaucoup soutenu ainsi la croissance mondiale. Cette fois-ci, on ne doit pas trop y compter. Pourquoi ?

La Chine et les États-Unis ont beaucoup de points en commun. Ce sont les deux géants de la planète. Ils ont l'un et l'autre un solide optimisme chevillé au corps. Ils ont donc assuré une croissance mondiale importante. Ils ont aussi comme point commun de s'entraider l'un l'autre sans trop le dire. Un peu comme ces curés qui vivaient en montagne et qui avaient décidé l'un comme l'autre de se donner l'absolution pour leur péché. Le problème est qu'un jour il a beaucoup neigé et qu'ils ne pouvaient plus rentrer en contact l'un avec l'autre. C'est ce qui se passe.

Le péché américain est l'endettement. Endettement de l'État, des administrations et des ménages. Près de 100% de l'épargne est négative. Les Américains ont doublé leur revenu avec de la dette.

Les Chinois, c'est le contraire. Les Chinois ne dépensent pas ou très peu. Alors entendons-nous. Dans un système où il n'existe pratiquement pas de services sociaux, il est normal d'épargner environ 25% de son revenu. Mais, quand on est à 40% d'épargne en Chine, on est bien au delà de ce qui serait nécessaire et bien au delà des ménages qui ne représentent que 17,5%. La vérité est que les usines, les entreprises, toutes contentes de leur nouvel indépendance gardent l'argent chez elles et au lieu d'investir, attendent le moment le plus idoine pour dépenser, et dépenser souvent en pure perte dans des projets immobiliers dont à un moment ou un autre le poids se fera sentir sur les systèmes bancaires.

Autrement dit, on demande aux Chinois de développer leur marché intérieur alors qu'ils investissent dans les exportations. On demande aux Américains de réduire leurs dettes. Ces deux objectifs sont possibles, mais non sans douleur.

Et toute la question est de savoir comment le système politique chinois qui marchait à la croissance forte - celle-ci va tomber de 11-12% aux alentours de 8% inévitablement - va pouvoir réagir. Va-t-il réagir en mettant la crise sur le dos des Américains ou va-t-il réagir en s'ouvrant ? Évidemment, on espère la meilleure des hypothèses... On n'en est pas sûr du tout !

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