vendredi 6 juin 2008

Pékin prédit la fin de ses surplus commerciaux record - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20187 - International, vendredi, 6 juin 2008, p. 7
Les douanes chinoises assurent que la hausse du prix des matières premières, l'appréciation du yuan et la baisse de la demande américaine vont entraîner, sur 2008, un recul de l'excédent commercial chinois.

« La brutale tendance à la croissance de l'excédent et les déséquilibres commerciaux devraient être renversés », selon les douanes.

L'information devrait ravir les grands partenaires commerciaux de la Chine. Hier, l'administration chinoise des douanes a indiqué dans un communiqué que l'excédent commercial du pays devrait enregistrer, pour la première fois en cinq ans, un recul sur l'ensemble de 2008.

« Il y a une nette tendance à la baisse depuis le début de l'année. Sur toute l'année, on prévoit la poursuite du ralentissement des exportations et de l'accélération des importations », affirme l'administration sur son site Internet.

Après avoir bondi de 50 % l'an dernier pour atteindre 262,2 milliards de dollars en 2007, le surplus commercial chinois aurait diminué de 11 % au premier trimestre par rapport aux trois premiers mois de 2007. Malgré une bonne performance des exportations en avril, l'excédent commercial serait toujours en recul de 7,9 % sur les quatre premiers mois de l'année, par rapport aux volumes enregistrés sur la même période en 2007. « La brutale tendance à la croissance de l'excédent et les déséquilibres commerciaux devraient être renversés », concluent les douanes à l'intention des Etats-Unis et des pays européens, qui accusent régulièrement Pékin de manipuler ses politiques monétaire et fiscale pour favoriser la diffusion dans le monde des produits « made in China ».

Confirmée par les douanes chinoises, cette tendance est pressentie depuis quelques semaines par les économistes étrangers, qui pointent les multiples facteurs nationaux et internationaux à l'origine de ce renversement. Les exportateurs chinois sont d'abord pénalisés par l'appréciation du yuan face au dollar (4,2 % au premier trimestre), l'impact des réglementations freinant les exportations de produits à faible valeur ajoutée, la baisse de la demande américaine ou encore l'envolée du coût des importations de matières premières (pétrole). « Ces tendances ne vont probablement pas changer à court terme », reconnaît l'administration des douanes chinoises. Si l'apaisement de l'excédent commercial chinois pourrait soulager les autorités dans leur lutte contre l'inflation, il risque de relancer dans le pays le débat sur le rythme d'appréciation du yuan.

Des exportateurs inquiets

Décrivant leur « agonie », beaucoup d'exportateurs pressent le gouvernement de leur redonner un peu d'air en freinant la hausse de leur devise par rapport au billet vert. Ils pourraient être entendus. « Alors que la Chine bénéficierait d'une accélération de l'appréciation, il nous semble désormais clair que le consensus a évolué à Pékin et qu'il n'est plus question d'un rythme de hausse aussi rapide qu'au premier trimestre », expliquait hier dans une note Stephen Green, l'économiste en chef de la Standard Chartered à Shanghaï. Selon ses calculs, 1 dollar devrait valoir 6,55 yuans à la fin de l'année et non plus 6,35 yuans comme il l'avait précédemment anticipé.

YANN ROUSSEAU

Note(s) :

DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.

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