La première étape du rapprochement entre Taïwan et la Chine s'est concrétisée mardi. Les deux pays ont signé à Taipei une série d'accords économiques via les deux associations officieuses chargées de la reprise de leurs relations bilatérales. Le Taïwanais Chiang Pin-king, président de la Fondation pour les échanges entre les deux pays, et son homologue chinois Chen Yunlin, président de l'Association pour les relations entre les deux rives du détroit de Taïwan, se sont entendus sur le transport maritime et aérien, les services postaux et la sécurité alimentaire.
L'ouverture de nombreux vols passagers directs et quotidiens entre les deux pays est assurément l'annonce la plus importante: 108 vols hebdomadaires (trois fois plus qu'avant) partiront de 21 villes chinoises, contre seulement cinq actuellement. Même si cette nouvelle ne règle pas la question de l'obtention des visas, toujours aussi difficile pour les Chinois désirant se rendre pour du tourisme ou pour revoir leur famille sur l'île voisine, elle permettra de faciliter, et donc d'accentuer, les voyages des hommes d'affaires des deux pays.
Taïwan semblait jusqu'alors réticent à autoriser des contacts massifs aussi rapides mais la crise économique a sans doute fait céder quelques-unes de ses résistances: le ralentissement des économies américaines, européennes et japonaise a sans doute rendu plus attrayantes que jamais les promesses d'échanges avec la Chine. Comme l'a précisé Chiang Pin-king, largement décrié par la presse locale indépendantiste pour «avoir sacrifié la dignité du pays» à l'ogre chinois, «cela accroîtra fortement la compétitivité de Taïwan».
Légère avancée
L'ouverture de 11 ports taïwanais et de 63 ports chinois aux liaisons maritimes directes, l'exemption d'impôts sur le revenu pour les compagnies de transport maritime des deux pays et le lancement de services postaux directs serviront assurément cette intention. Les accords sur la sécurité alimentaire répondent en revanche plus à des besoins actuels après l'intoxication à Taïwan de trois enfants et d'une femme par du lait chinois contenant de la mélamine.
Néanmoins, malgré leur symbolisme, ces accords économiques ne sont qu'une légère avancée vers la normalisation des relations entre les deux pays. Jean-Pierre Cabestan, le doyen du département de sciences politiques de l'Université baptiste de Hongkong, précisait ainsi en mai dernier, au moment des premières rencontres entre les deux associations, qu'«il est facile de s'entendre sur les vols de charters et sur l'arrivée des touristes, il sera plus difficile d'arriver à un accord plus large, à un accord de paix après une baisse de la tension militaire».
Six mois plus tard, la donne n'a pas changé. Il est pourtant probable que la signature de ces accords au deuxième des cinq jours de visite de Chen Yunlin à Taïwan est un signal envoyé par les deux parties: ils n'en représentent pas l'apogée mais un simple point de passage obligé. La question économique réglée, les trois derniers jours de discussions tourneront sans doute autour de thèmes politiques. Et, du coup, s'annoncent bien plus tendus.
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