Passées sans trop d'encombres à travers la crise du « subprime », les banques chinoises sont touchées par le refroidissement de la croissance économique et redoutent désormais l'effondrement du marché immobilier.
Li Wang est désespérée. La jeune femme vient de se faire éconduire par une grande banque chinoise pour la troisième fois depuis le début du mois. Malgré les postes haut placés de ses parents dans l'administration, leurs salaires confortables et un historique impeccable, la famille ne parvient pas à trouver un financement raisonnable pour l'achat d'une petite maison dans le nouveau quartier de Shunyi, dans la banlieue de Pékin. « Personne ne veut plus rien prêter », s'emporte Li Wang.
Après avoir généreusement ouvert leurs crédits aux ménages chinois pendant des années, les plus grandes banques font la moue. Passées sans trop d'encombres à travers la crise du « subprime », elles sont désormais frappées de plein fouet par le brusque refroidissement de la croissance économique chinoise.
Au troisième trimestre, Bank of China affiche une hausse de 12 % de ses profits - après une poussée de 43 % mesurée au cours du premier semestre. « L'impact de la crise sur la Chine commence à peine à se faire sentir », a prévenu Zhu Min, vice-président exécutif de Bank of China.
Les banques redoutent particulièrement l'impact de la crise sur le marché immobilier, notamment dans certaines mégapoles. A Shenzhen, à la frontière avec Hong Kong, les experts parlent d'une baisse de 30 % du prix de certaines propriétés. Ces statistiques affolent les banques du pays, qui ont alimenté 19 % des investissements dans l'immobilier et redoutent une poussée de leurs volumes de créances douteuses.
Officiellement, les banques chinoises ont enregistré une légère baisse de ces créances douteuses depuis début 2008. Au 30 septembre, leur volume global n'atteignait plus que 1.270 milliards de yuans, selon Pékin.
« Ne paniquons pas »
Industrial and Commercial Bank of China, la plus grande banque du pays, affirme que son ratio de créances douteuses est tombé à 2,37 % et China Construction Bank évoque un ratio de 2,17 %.
« Mais les données restent floues. Il est possible qu'une partie de ces prêts toxiques ait été discrètement réorientée vers les structures de défaisance », dit un expert à Pékin, qui prédit une « hausse logique » des volumes d'actifs pourris dans les mois à venir.
« Avec la détérioration progressive des exportations et du secteur immobilier, les banques vont assister à une augmentation de leurs créances douteuses mais cela reste un problème cyclique, moins dramatique que la situation à laquelle sont confrontées les banques occidentales », modère Dong Tao, l'analyste de Crédit Suisse. « Les banques chinoises, elles, ont des bilans sains, alors ne paniquons pas », souligne l'économiste.
YANN ROUSSEAU
Note(s) :
DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.
PHOTO - Reuters Photo
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