Le G20 a donné une nouvelle tribune aux pays émergents. Encore faudra-t-il que les belles déclarations soient suivies d'effets.
La Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud ont participé au sommet du G20.
Pour les pays émergents, la crise a plutôt du bon. A côté des économies industrialisées, le G20 de samedi a imposé leur présence forte, avec des poids lourds comme la Chine, l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du Sud. Donnant, par là même, un coup de vieux aux traditionnels G7 ou G8 dont ils sont exclus. Et ces pays ne se sont pas contentés de faire acte de présence à Washington. « La représentation et la participation des économies émergentes et en développement (dans le FMI et la Banque mondiale) doivent être accrues, mentionne le communiqué du sommet. Nous sommes déterminés à faire progresser la réforme des institutions de Bretton Woods de manière à ce qu'elles reflètent mieux l'évolution des poids économiques respectifs dans l'économie mondiale, afin d'accroître leur légitimité et leur efficacité. »
Le Forum de stabilité financière, qui réunit banquiers centraux et responsables de la régulation des marchés, doit même « s'ouvrir de manière urgente à davantage d'économies émergentes », ont précisé les dirigeants du G20. Tout comme « d'autres grands organismes normatifs », qui n'ont cependant pas été nommément désignés...
Années de tractations
De quoi, a priori, mettre davantage en adéquation le poids des émergents dans l'économie mondiale et leur représentation dans les institutions internationales. A l'heure où pays en développement et émergents devraient permettre à l'économie mondiale de croître de 2,2 % en 2009, il est peut-être temps de revoir le système établi en 1944 à Bretton Woods, a commenté en substance le président américain George Bush. Le FMI doit « examiner l'extension du pouvoir de vote et de la représentation des pays en développement », a-t-il insisté. Au-delà des grandes déclarations, les pays riches sont-ils cependant prêts à faire davantage de place aux pays émergents ?
En avril, après des années de tractations, le FMI avait accouché d'une réforme supposée aller dans ce sens. Elle n'a, en réalité, pas été à la hauteur des changements de l'économie mondiale. Au conseil d'administration du FMI, la Belgique a toujours un poids largement supérieur à celui du Brésil, et la France d'un tiers supérieur à celui de la Chine... Le directeur général du FMI ne semble pas non plus pressé de s'engager dans un tel chantier. « Dans le conseil d'administration, la force de l'expression de tel ou tel pays ne dépend pas que de ses droits de vote, a déclaré samedi Dominique Strauss-Kahn. Donner plus d'influence à des pays émergents ne passe pas uniquement par cette question. D'autres aspects reflètent l'importance d'un pays », comme « l'assistance technique » ou « le nombre de chercheurs et de salariés ». Les pays émergents devront encore batailler ferme avant d'être vraiment entendus...
MARIE-CHRISTINE CORBIER
PHOTO - Washington, November 15, 2008 (Reuters)
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