Le président chinois, Hu Jintao, est arrivé lundi 17 novembre à Cuba, deuxième étape d'une tournée latino-américaine incluant le Costa Rica et le Pérou, où il assistera au sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique le 22 novembre. A la veille de la tournée, Pékin a publié " un document politique éclairant les objectifs chinois envers l'Amérique latine et les Caraïbes ". Ce livre blanc insiste sur " les ressources abondantes et l'extraordinaire potentiel de développement " de cette région, dont la Chine est devenue le troisième partenaire commercial.
Outre le développement des échanges et la signature d'accords de libre-échange, le document évoque un accroissement de la coopération en matière de défense et de sécurité. Le commerce entre la Chine et l'Amérique latine a fortement augmenté depuis dix ans, atteignant 102 milliards de dollars en 2007. La Chine achète du soja et du fer au Brésil, du cuivre au Chili, de l'étain à la Bolivie, du nickel à Cuba et du pétrole au Venezuela. Mais ses exportations textiles et électroniques ont durement concurrencé les usines d'Amérique centrale et des Caraïbes.
M. Hu précède de dix jours son homologue russe à Cuba. Le président Dmitri Medvedev, qui assistera au sommet de Lima, se rendra ensuite au Brésil, au Venezuela et à Cuba. Avec des échanges de 2,3 milliards de dollars en 2007, la Chine est le deuxième partenaire de l'île, après le Venezuela. L'économie cubaine a été frappée par trois cyclones ( 10 milliards de dollars de dommages)et par la baisse des prix du nickel, principal produit exporté.
A San José, M. Hu a annoncé l'ouverture de négociations pour un accord de libre-échange avec le Costa Rica, seul pays d'Amérique centrale à avoir rompu, en juin 2007, avec Taïwan. Le Costa Rica a obtenu en échange 430 millions de dollars de crédits et l'appui de Pékin pour un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies. Au cours de sa visite, le président chinois a signé onze accords. L'un d'eux porte sur la construction d'une raffinerie régionale. La balance commerciale est légèrement favorable au Costa Rica grâce à l'exportation de composants électroniques fabriqués dans ce pays par l'entreprise américaine Intel.
Le président nicaraguayen Daniel Ortega n'a pas suivi l'exemple costaricien. " Avec les Chinois, les discussions sont longues, confie Bayardo Arce, qui préside l'Association d'amitié Nicaragua-Chine. Dans les années 1980, nous avions rompu avec Taïwan, mais la Chine n'avait pas compensé. "Les relations du Nicaragua avec Taïwan avaient été rétablies en 1990 par la présidente Violeta Chamorro. " J'ai rencontré les Chinois dans un pays tiers, poursuit M. Arce. Je leur ai dit : "Voici le montant de la coopération et des investissements taïwanais, voici ce que nous leur devons, êtes-vous prêts à vous substituer ?" Nous attendons. "
Jean-Michel Caroit
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