SHANGHAI, Chine (AP) -- Au moment où presque partout ailleurs les chantiers s'arrêtent faute de financement, Shanghai a posé samedi la première pierre d'un gratte-ciel qui dépassera tous ceux de la mégapole chinoise. C'est l'un des grands projets destinés à soutenir l'économie. La Shanghai Tower de l'architecte Arthur Gensler culminera à 632 mètres, battant ainsi le record actuel du Shanghai World Financial Center (492 mètres).
Tandis que l'économie chinoise ralentit et que les exportateurs commencent à sentir les effets de la crise mondiale, une myriade de grands travaux sont lancés pour stimuler la croissance et créer de l'emploi.
Des routes et des autoroutes, des voies ferrées, des aéroports, des réseaux électriques: Pékin prévoit de dépenser 18.000 milliards de yuans (plus de 2.000 milliards d'euros) pour la seule année 2009. L'immense capital accumulé lorsque l'économie connaissait une croissance à deux chiffres va être utilisé pour diminuer l'impact de la crise mondiale.
A Shanghai, la plus grande ville du pays, les travaux du métro bloquent de nombreuses rues; le Bund est en train d'être totalement rénové; et le site de l'Expo 2010 sort de terre.
Dans le quartier d'affaires de Lujiazui, le chantier de la Tour de Shanghai a débuté. "Lancer la construction en cette période va aider à renforcer la confiance de Shanghai dans sa lutte contre la crise financière", a noté Gu Jianping, directeur de la société publique de Construction et de Développement de la Shanghai Tower.
"C'est une période merveilleuse pour faire débuter ce projet", a estimé Arthur Gensler, fondateur et président du cabinet Gensler Architecture, Design and Planning Worldwide, basé à San Francisco. C'est lui qui a dessiné la tour de plus 120 étages qui devrait coûter 14,8 milliards de yuans (1,7 milliard d'euros).
"Les temps sont difficiles", a-t-il confié, en énumérant tous les endroits où les chantiers sont en suspens. "Beaucoup de projets sont en mode pause jusqu'à ce que le problème du financement soit réglé".
Avec cette faible demande, les prix des matériaux de construction tels que l'acier, par exemple, ont chuté de 30%, a expliqué Arthur Gensler lors d'un entretien vendredi. La tour devrait être achevée en 2014 et ses promoteurs tablent sur une reprise d'ici là de la demande en espaces de bureau.
La Shanghai Tower dépassera le Shanghai World Financial Center, érigé par le magnat japonais de l'immobilier Minoru Mori. La municipalité veut que le plus haut gratte-ciel de la ville soit financé et détenu par des Chinois.
"Je ne crois pas que ce soit une pure question d'ego", a assuré Jun Xia, l'architecte de Shanghai qui a dessiné la spirale du bâtiment, une forme étudiée pour s'adapter au vent. "Ce bâtiment reflète la valeur du terrain". Le mètre carré à Shanghai demeure cher.
L'équipe d'Arthur Gensler a voulu une tour écologique.
Il y a un espace entre le bâtiment lui-même et le mur de verre extérieur. Cette "double peau" l'isolera mieux et permettra des économies de chauffage et de climatisation, affirme l'architecte.
Le toit en forme d'entonnoir recueillera les eaux de pluie, qui pourront être utilisées pour tirer la chasse d'eau. Des éoliennes fourniront assez d'électricité pour l'éclairage extérieur de la tour.
D'après Arthur Gensler, ce genre de projets n'est possible qu'en Chine et au Moyen-Orient. A Dubaï, une fois achevée, la tour Burj Dubai devrait dépasser les 1.000 mètres. AP
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