Lorsqu'en 2005, les autorités locales de sa ville natale de Linyi (province du Shandong) lancent une campagne massive d'avortement et de stérilisation forcés, le jeune avocat aveugle de naissance, alors âgé de 33 ans, décide d'attaquer en justice les cadres locaux de Linyi. Il sait qu'il est dans son droit, car de tels procédés sont bannis officiellement, mais les petits fonctionnaires soucieux d'assurer leur progression sociale veulent améliorer les statistiques du planning familial.
Chen Guangcheng, qui n'a jamais pu être admis à l'université pour étudier, s'est formé seul en déchiffrant les textes de loi en braille. Pour la cause des femmes avortées de force, souvent à quelques jours de l'accouchement, il va jusqu'à Pékin plaider auprès du bureau national du planning familial. La société civile en colère voit en ce jeune homme courageux l'incarnation du « défenseur des droits des opprimées ».
Mis en résidence surveillée en septembre 2005, il a été arrêté le 12 mars 2006, détenu au secret jusqu'en juin de la même année et condamné le 24 août 2006 à quatre ans et trois mois de prison. Motif officiel : « destruction de la propriété publique et perturbation de la circulation par des rassemblements populaires ». Rien à voir avec la défense des femmes victimes des abus des seigneurs locaux. Ses propres avocats, comme les organisations internationales des droits de l'homme, ont condamné ce « procès mascarade ». Aujourd'hui en Chine, ils sont plus de 500 avocats emprisonnés pour avoir voulu défendre des victimes de ces cadres locaux plus soucieux de remplir leurs comptes en banque que de respecter la loi.
Une égale justice
Impossible de contacter Chen Guangcheng. Mais un proche a réussi à faire passer un message par l'intermédiaire de son épouse, Yuan Weijing, pourtant très surveillée : « Son désir ardent serait de voir chaque Chinois pouvoir bénéficier d'une égale et impartiale justice face aux violations dont le peuple est trop souvent victime, face à une administration et des profiteurs sans foi ni loi. »
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