Se targuant d'avoir gagné tous ses procès pour contrefaçon, dont un récemment en France, le champion chinois du matériel électrique de basse tension propose une normalisation des relations à son concurrent français.
Las des batailles judiciaires en série l'opposant à Schneider Electric, en Europe comme en Chine, Chint propose une trêve à son concurrent français. Le champion chinois du matériel électrique de basse tension se targue d'avoir gagné tous ses procès à ce jour, dont le dernier en mars 2008 devant le tribunal de grande instance de Paris. Mais ses dirigeants sont prêts à s'asseoir avec leurs homologues de Schneider pour établir des règles du jeu claires, voire établir des coopérations, a expliqué hier son vice-PDG Xu Zhiwu, présent en Espagne pour l'inauguration d'un centre logistique. Il propose une discussion « d'entreprise à entreprise, sans interférences politiques ». A condition que le français respecte le désir d'indépendance de l'équipe dirigeante de Chint et sa volonté de maintenir la pérennité de la marque.
3 projets de fusion, 3 échecs
Créée en 1984, l'entreprise chinoise, à capital 100 % privé, a connu une croissance exponentielle au point de détenir 20 % de son marché, faisant quasiment jeu égal avec Schneider, le numéro un mondial du secteur. Par trois fois (en 1994, 1998 et 2004), les projets de rapprochement entre les deux groupes ont échoué du fait, selon les dirigeants chinois, de la volonté hégémonique française. « Après chaque échec, Schneider nous a attaqués en contrefaçon dans l'année qui a suivi », relève Xu Zhiwu, qui soupçonne son grand rival de vouloir le pousser, en le fragilisant, à accepter une fusion sans conditions. « C'est une pression très forte pour une entreprise jeune comme la nôtre. Ces procès entraînent des coûts importants et sont mauvais pour notre image de marque et celle de notre pays. Nous sommes accusés de copier alors que nous avons développé notre propre technologie. »
A ce jour, Schneider a engagé 25 procédures, contre une pour Chint, dont la plainte, déposée en Chine, a fait grand bruit. Le français a en effet été condamné en première instance à payer une amende record de 31 millions d'euros, alors que les indemnisations reçues par le groupe chinois à l'issue des procès gagnés en Europe se chiffrent seulement en dizaines de milliers d'euros. « Au bout du compte, Schneider, dont l'objectif est de bloquer notre développement, est gagnant, car nous perdons à chaque fois trois ans, ce qui correspond à la vie d'un produit », déplore Xu Zhiwu. Il chiffre à une centaine de millions d'euros les ventes perdues ainsi sur le seul marché français.
« Que l'on se batte sur la qualité des produits, les prix ou les services, d'accord. Mais là, c'est de la concurrence déloyale », estime le dirigeant, qui dit se réserver le droit de poursuivre à son tour Schneider, si sa main tendue était refusée.
GILLES SENGÈS
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