Une demi-heure de discours devant le Parlement européen réuni au grand complet, un jeûne avec le groupe de soutien des élus pour le Tibet : le dalaï-lama devait poursuivre, jeudi 4 décembre, une tournée européenne qui suscite un regain de tensions entre les Vingt-Sept et la Chine. Pékin a reporté sine die le sommet UE-Chine qui devait avoir lieu le 1er décembre à Lyon, en raison de la rencontre prévue entre le chef spirituel des Tibétains et Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, samedi 6 décembre à Gdansk (Pologne). Le rendez-vous doit avoir lieu à l'occasion des vingt-cinq ans de la remise du prix Nobel de la paix à Lech Walesa, l'une des figures de proue de la lutte contre le communisme en Europe centrale.
La Chine s'est toujours opposée aux contacts entre des dirigeants étrangers et le dalaï-lama, qu'elle accuse de lutter pour l'indépendance du Tibet, même s'il ne prône qu'une plus grande autonomie. Afin de ne pas compromettre les relations avec la Chine, M. Sarkozy avait, dans un premier temps, renoncé à rencontrer le dalaï-lama en août, lors de sa visite en France. C'est son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, qui l'avait alors croisé.
De gauche à droite, Armand De Decker, président du Sénat, Didier Reynders, ministre des finances, DL et Herman Van Rompuy, président de la basse chambre
Avant de se rendre en Chine pour l'ouverture des Jeux olympiques, début août, le président français avait réclamé la reprise du dialogue entre les représentants du dalaï-lama et le gouvernement chinois. Les pourparlers sont aujourd'hui dans l'impasse, et la stratégie du chef de l'Etat a montré ses limites. D'après le chef du groupe des Verts, Daniel Cohn-Bendit, l'annulation du sommet UE-Chine pour cause de rencontre avec le dalaï-lama constitue la " démonstration que toute la stratégie de l'UE de se mettre à genoux devant - les Chinois - avant les Jeux olympiques a bel et bien échoué ".
Devant les eurodéputés, le chef spirituel des Tibétains devait appeler les Européens à faire preuve de " fermeté " face à Pékin. A Prague, lundi, puis lors d'une rencontre avec le premier ministre belge, Yves Leterme, mercredi, le dalaï-lama a de nouveau accusé la Chine de " génocide culturel " au Tibet. Le dalaï-lama, qui ne rencontrera pas le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, suggère aux Européens de soulever sans relâche la question de la liberté religieuse et des droits de l'homme dans leurs contacts avec les dirigeants chinois. Sa visite survient d'ailleurs au moment où le Parlement européen s'apprête à remettre, le 17 décembre, son prix Sakharov pour la défense des droits de l'homme au dissident Hu Jia, actuellement incarcéré en Chine. Un choix qui a provoqué la colère de Pékin.
Philippe Ricard
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