PRÉCIEUX débouché pour les géants de l'aviation Airbus et Boeing, la Chine pourrait étancher sa soif d'appareils. Face aux difficultés de ses compagnies aériennes, la Civil Aviation Administration of China (Caac) leur a conseillé hier de freiner les commandes de nouveaux appareils. « Au second semestre, la crise financière mondiale a eu un effet toujours plus négatif sur notre industrie aéronautique. (...) Nous invitons les compagnies à annuler ou reporter les commandes passées pour 2009 », indique la Caac.
Au total, dix mesures sont défendues par la Caac pour sortir l'aviation chinoise du marasme. La baisse du trafic aérien, déjà amorcée pendant les Jeux olympiques, et les achats à terme de pétrole juste avant la baisse du prix du baril ont mis les comptes des compagnies, déjà fragiles, dans le rouge.
La réduction de la flotte est une première étape dans l'assainissement des comptes et passe aussi par la conversion de vieux appareils passagers en avions cargos. Les avionneurs ne se montrent pourtant pas inquiets. Aucune requête ou demande d'annulation ou d'étalement de livraison n'ont pour l'heure été reçues par Airbus et Boeing. « Nous avons un partenariat à long terme avec la Chine où nous avons installé une usine d'assemblage, un centre d'ingénierie et de formation », rappelle un porte-parole d'Airbus.
Pléthore de compagnies en mauvais état
En juillet, Air China avait passé une commande de 45 Boeing tandis qu'Airbus avait vendu 160 appareils il y a un an, à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine. Il est, de fait, peu probable, que ces commandes fermes soient annulées. Les avions à livrer en 2009 ont été en partie réglés par les compagnies, qui perdraient beaucoup d'argent en les annulant sans pouvoir être remboursées.
La déclaration de la Caac révèle les plans du gouvernement central pour consolider un secteur peu rentable. Ces mesures auront « un rôle vital dans la réponse aux difficultés rencontrées et devraient assurer un développement sain de l'aviation civile », précisait le communiqué. Près de 70 % des transporteurs chinois perdent de l'argent, selon les chiffres officiels. À commencer par les leaders de dimension nationale : Air China, China Eastern et China Southern. Au total, les compagnies publiques auraient enregistré 470 millions d'euros de pertes entre janvier et octobre 2008. China Southern a bénéficié d'une première opération de sauvetage, le mois dernier, avec l'injection de 320 millions d'euros dans son capital. China Eastern attend un geste similaire de la part de Pékin.
La Chine compte, par ailleurs, une myriade de compagnies rattachées à des provinces ou des villes, souvent en concurrence frontale. La Caac promet des rapprochements en 2009. Les réductions de taxes - qui porteraient sur plus de 400 millions d'euros - devraient soulager leurs comptes. Pékin espère maintenir la croissance de l'industrie à plus de 10 %. Ses besoins restent élevés : plus de 3 000 nouveaux appareils dans les vingt prochaines années.
Illustration(s) :
Il y a un an, Airbus avait vendu 160 appareils, à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine.
L. Bonaventure
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