L'un des besoins vitaux de la Chine est de s'approvisionner en charbon thermique pour ses centrales électriques et en charbon à coke pour sa puissante industrie de l'acier. C'est pourquoi elle multiplie les acquisitions en Australie. Dernière société dans la ligne de mire : Felix Resources.
Cela fait des mois que Felix Resources, l'un des principaux producteurs australiens de charbon (charbon thermique et charbon à coke mi-doux), fait l'objet de convoitises de la part de plusieurs entreprises. Cet été, deux noms revenaient le plus souvent : ArcelorMittal, qui venait de se renforcer au capital d'un concurrent, Macarthur Coal, et le suisse Xstrata, leader mondial du charbon thermique, par ailleurs troisième plus grand exportateur de charbon à coke pour les aciéries. Felix Resources avait avoué alors, sans jamais les mentionner, discuter avec des tierces parties. Ce scénario se reproduit aujourd'hui presque à l'identique.
La société charbonnière répond à des informations de presse en admettant qu'elle a entrepris des pourparlers « incomplets et non engageants » avec un prétendant. Pourparlers qui, cependant, pourraient aboutir en une transaction modifiant la structure de contrôle de la firme. Le 14 octobre, Felix Resources avait fait part de l'ouverture de négociations avec de nouveaux partenaires potentiels. Or, récemment, les dirigeants du numéro quatre chinois de la houille, Yanzhou Coal, ont visité la mine d'Ashton de l'australien pour en déterminer la qualité.
Le groupe chinois est présent en Australie depuis 2004 avec une opération dans l'Etat de la Nouvelle-Galles du Sud. Autant d'éléments qui ont fait dire aux observateurs que le candidat le plus probable à l'achat de Felix Resources est bel et bien Yanzhou Coal. Vendredi, l'action de ce dernier a été suspendue de cotation à Hong Kong en raison « d'une information qui pourrait influencer le cours ».
Un appétit durable
L'appétit des Chinois pour le charbon australien n'est pas nouveau. Leurs centrales électriques sont alimentées à près de 80 % avec ce combustible. Ce pays absorbe à lui seul près de 7 % du total du charbon thermique exporté dans le monde. En septembre, Xinwen Mining a acquis de Linc Energy des gisements dans l'Etat du Queensland pour 1,5 milliard de dollars australiens. En octobre, le numéro un chinois du charbon, Shenhua Energy, a obtenu, contre 300 millions de dollars australiens, une licence d'exploitation d'un dépôt. Avec plus de 20 % du capital, l'établissement financier Citic (anciennement China International Trust and Investment Company) est le principal actionnaire de Macarthur Coal devant ArcelorMittal (19,90 %) et le coréen Posco (10 %).
Si l'intérêt de Yanzhou Coal pour Felix Resources se matérialisait, il devrait mettre sur la table plus de 3 milliards de dollars australiens (environ 2 milliards de dollars américains). Le marché prend très au sérieux cette hypothèse. Vendredi, l'action de l'australien a bondi de près de 37 %. Hier, elle a encore gagné 7 %. Des rumeurs courent aussi sur le brésilien Vale, mais les analystes jugent cette candidature comme moins probable.
M. P.
© 2008 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire