Pour la première fois depuis sa création en 1945, l'Assemblée générale des Nations Unies a abordé la semaine passée un sujet qui transcende les habituels conflits Nord/Sud et Est/Ouest. Qu'on en juge : la Russie et la Chine, rangés aux côtés des Etats-Unis, ont fait front commun avec les pays arabes ! Dans le camp opposé se trouvaient soixante-six autres pays, dont l'Australie, le Brésil et tous les Etats de l'Union européenne sauf un : le Vatican.
Ainsi, 64 années auront été nécessaires pour qu'émerge cette nouvelle répartition du monde qui semble unir une partie des pays chrétiens (Etats-Unis, Russie) au monde musulman, tout en provoquant une scission nette au sein des pays occidentaux. Sur ce nouveau champ de bataille, l'Amérique et l'Europe ne feront pas cause commune.
Au coeur de l'affrontement : les droits de l'homo. A l'initiative de la France et des Pays-Bas, un appel sans précédent a été lancé à l'ONU pour condamner la discrimination des homosexuels, des lesbiennes et des transsexuels à travers le monde, soit 5 % à 10 % de l'ensemble de la population de la planète sans distinction de race, d'origine ou de couleur.
Une affaire qui marque une nouvelle frontière entre les pays tolérants, « gay friendly », et un groupe de 86 États qui condamnent l'homosexualité. Parmi eux, 7 pays (dont l'Iran, le Nigeria et le Yémen) punissent les contrevenants de la peine de mort. Les exécutions publiques d'homosexuels en Iran ont fait plus d'une fois la une des journaux, tout comme les condamnations à la peine de mort prononcées en Egypte dans un procès retentissant de ces dernières années.
S'appuyant sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, les Pays-Bas ont rappelé que cette charte s'appliquait à chacun et ne supportait « aucune exception ». Même s'il condamne en filigrane les pays où les citoyens sont inquiétés, torturés, humiliés pour leur appartenance à une minorité sexuelle en les appelant à décriminaliser l'homosexualité, l'appel veut surtout briser un tabou.
La Haye ne cherche à pas à faire du prosélytisme en prônant un style de vie ou un autre. « Quelles que soient les objections contre l'homosexualité fondées sur des convictions personnelles ou religieuses, les Etats doivent au moins être prêts à discuter ouvertement de ce sujet. Il en va des droits humains », a estimé le ministre des Affaires étrangères néerlandais du haut de la tribune de la plus grande organisation internationale. Une déclaration qui a donné lieu à une contre-déclaration de la part de pays musulmans, dont l'Egypte.
DIDIER BURG
© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2008
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