mercredi 24 décembre 2008

Pékin s'apprête enfin à attribuer ses licences mobiles 3G

Les Echos, no. 20327 - Technologies de l'information, mardi, 23 décembre 2008, p. 18

Le gouvernement chinois estime que les trois opérateurs devraient dépenser 30 milliards d'euros dans leurs réseaux. Ce sont les fabricants locaux comme Huawei et ZTE qui sont les mieux placés pour en profiter.

Après des années d'atermoiements, Pékin s'apprête enfin à attribuer les fameuses licences de téléphonie mobile de troisième génération (3G). Permettant de proposer des services plus rapides et plus complets, elles devraient être distribuées aux opérateurs dès le début de l'année prochaine, ont indiqué les autorités locales. Avec l'Inde, la Chine est l'un des derniers grands marchés à sauter le pas de la 3G.

Cette information fait suite à la grande réorganisation du secteur lancée en mai dernier par le gouvernement. Pékin avait alors décidé de fusionner ses six grands opérateurs pour faire émerger trois champions proposant à la fois de la téléphonie fixe et mobile. Ainsi, China Mobile, le leader du mobile, devait prendre le contrôle d'un petit opérateur de ligne fixe, tandis que China Telecom, qui n'a pas de réseau mobile, devait racheter une partie de celui de China Unicom. Ce dernier devait être démembré pour se rapprocher de China Netcom.

Réponse à la crise

En attribuant ces licences 3G, Pékin entend aussi apporter un début de réponse à la crise économique. Car les opérateurs télécoms devraient multiplier les investissements. Le ministre de l'Industrie et des Technologies de l'information, Li Yizhong, estime que les trois acteurs devraient dépenser pas moins de 280 milliards de yuans (30 milliards d'euros) dans la 3G au cours des deux prochaines années, selon des propos rapportés hier dans le « Wall Street Journal ». L'été dernier, China Telecom avait dit vouloir investir plus de 80 milliards de yuans (8 milliards d'euros) dans son réseau mobile en trois ans, tandis que China Unicom avait évoqué des investissements de 100 milliards de yuans (10 milliards d'euros) en trois ans.

Evidemment, les équipementiers télécoms occidentaux comme Ericsson, Nokia Siemens Network et Alcatel-Lucent espèrent mettre la main sur une partie de ce juteux marché. Depuis des années, ils multiplient les investissements en Chine pour profiter du dynamisme du marché mobile et être au mieux avec les opérateurs en vue du lancement de la 3G. Mais les équipementiers qui tireront les marrons du feu seront probablement les chinois, au premier rang desquels Huawei et ZTE. Selon le cabinet de consultant BDA, basé à Pékin, la part belle leur sera faite dans les contrats d'infrastructures, notamment pour ceux répondant au standard chinois TD-SCDMA. Les fabricants occidentaux devraient, eux, capter moins de la moitié des investissements consentis par les opérateurs chinois.

FREDERIC SCHAEFFER

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