lundi 15 décembre 2008

PORTRAIT - Henry Robinson Luce, « Man of the Year » - Caroline de Malet

Le Figaro, no. 20023 - Le Figaro, lundi, 15 décembre 2008, p. 17

Saviez-vous que Henry Robinson Luce était né en Chine ?

C'était une sorte de génie de la presse. Petit, visage carré et volontaire, habité par la certitude d'avoir raison et par l'ambition de marquer son époque tout en faisant fortune et en prônant la supériorité de son pays - les États-Unis d'Amérique -, il avait des sourcils noirs et épais et arborait un sourire subtil dans lequel on pouvait déceler l'intuition, le goût de l'aventure, le désir de plaire quitte à déplaire à l'ordre établi, ainsi que cette mystérieuse et séduisante trace d'imprévisibilité qui caractérise, souvent, les personnalités d'exception.

Il était né en Chine, fils unique d'un couple de missionnaires de l'Église presbytérienne, et avait, dès l'âge de 14 ans, parcouru l'Europe tout seul avant de gagner sa vie comme garçon de tables dans l'école Hotchkiss, dans le Connecticut, d'où il partit pour être diplômé, avec les honneurs, à la prestigieuse Université de Yale. Là, Henry Luce rencontra un jeune homme qui était son contraire autant en tempérament qu'en racines religieuses et familiales, Briton Hadden. Mais ils avaient plusieurs points en commun : une intelligence hors normes, une capacité d'invention, du flair, l'instinct du public, le sens du business et la passion du journalisme. Rien ne leur faisait peur. « À nous deux, confia Luce, nous étions une organisation. » Au début des années 1920, ils lancent ce qui deviendra très vite l'hebdomadaire le plus lu dans le monde, une révolution dans la presse, Time Magazine. C'est un modèle dont, encore aujourd'hui, peuvent se réclamer tous les « news » que vous tenez chaque fin de semaine, entre vos mains, n'importe où sur terre.

Bientôt, il est à la tête d'un empire. Les présidents le reçoivent à la Maison-Blanche comme un chef d'État. Il développe toutes sortes de publications, radios, télé, etc. Il meurt à 80 ans en 1967. Time Inc., associé désormais à Warner, demeure l'un des piliers de l'univers des médias. SUITE DE L'ARTICLE

© 2008 Le Figaro. Tous droits réservés.

0 commentaires: