L'Express, no. 2996 - Styles;Le regard de Styles, jeudi, 4 décembre 2008, p. 6-7
Quand Christian Dior rencontre l'art contemporain chinois, cela donne une grande exposition à Pékin, où une vingtaine d'artistes interprètent soixante ans d'histoire de la griffe.
Marion Cotillard, Charlize Theron, Eva Green, Mylène Jampanoï ou Maggie Cheung posant aux côtés du couturier John Galliano et de Bernard Arnault... Dior a sorti l'artillerie glamour pour l'inauguration à Pékin, mi-novembre, de la plus grande exposition d'art jamais organisée par la griffe fondée en 1947. Dans la capitale culturelle de ce pays de 1,3 milliard d'habitants, qui pourrait devenir « la première puissance mondiale d'ici à 2020 » selon le PDG du groupe LVMH, on comprend l'enjeu... « En Chine, où nous inaugurons notre 17e boutique, organiser un défilé n'était pas suffisant, nous voulions créer une vraie rencontre culturelle », insiste Sidney Toledano, président de Christian Dior Couture. Après Vuitton et ses nombreuses collaborations artistiques, Hermès et sa H Box ou Chanel et son Mobile Art actuellement posé dans Central Park, c'est au tour de Dior de jeter les ponts entre l'art et la mode. Des personnages en bronze de Zhang Xiaogang aux tableaux en cendres d'encens de Zhang Huan, l'avant-garde artistique chinoise a investi l'UCCA (Ullens Center for Contemporary Art), premier centre privé d'art contemporain en Chine, fondé l'an dernier par le couple de collectionneurs belges Guy et Myriam Ullens, et dirigé par le Français Jérôme Sans, dans les anciennes friches industrielles de Dashanzi. Avec pour fil directeur les symboles Dior (le tailleur Bar, la chaise Médaillon, le sac Lady Dior...), on pressentait un affadissement du propos artistique, mais c'est un vrai dialogue qui s'instaure sur la perception du luxe dans l'empire du Milieu. Certains n'hésitent pas à questionner l'autocélébration d'un microcosme, comme Wang Qingsong, qui interprète la Cène avec apôtres mannequins en robes haute couture, ou le vidéaste Wang Gongxin, qui instaure un face-à-face sans complaisance des top-modèles et de figurants chinois parodiant la gestuelle des défilés. Une partie des oeuvres pourraient rejoindre en 2010 la future Fondation Louis Vuitton pour la création au Jardin d'Acclimatation, à Paris.
Quilleriet Anne-Laure
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