Suisse et Chine évoquent le libre-échange - D.S. Miéville
La Chine et la Suisse vont entamer l'étude de faisabilité d'un accord de libre-échange. Un groupe de travail commun a été mis sur pied, qui commencera ses travaux à partir de l'été. Il y a longtemps que la Suisse attend cette ouverture, qui constitue le point d'orgue de la visite officielle à Berne du premier ministre chinois Wen Jiabao. Ce dernier a été reçu mardi par Hans-Rudolf Merz, accompagné de Doris Leuthard, Pascal Couchepin et Micheline Calmy-Rey.
Une importante mobilisation, donc, pour cette visite de travail d'une forte délégation chinoise, qui a quitté Berne en soirée pour le Forum de Davos. Cette visite bernoise s'inscrit dans une tournée des capitales européennes destinée à approfondir les relations et à créer un lien de confiance entre la Chine et le Vieux Continent, qui verra Wen Jiabao se rendre également en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne et à Bruxelles.
Il s'agit de la première rencontre officielle au plus haut niveau depuis la fameuse visite d'Etat du président Jiang Zemin en mars 1999 (lire ci-dessous). Le climat en a été bien différent, à en juger la satisfaction exprimée mardi à Berne par les deux parties. Une rencontre qui s'est déroulée dans une atmosphère extrêmement amicale, et au cours de laquelle la délégation chinoise a multiplié les messages positifs, a assuré Hans-Rudolf Merz. Une rencontre entre de vieux amis et de bons partenaires entretenant des relations fructueuses, a commenté pour sa part Wen Jiabao.
La crise financière et économique a été au centre de ces entretiens, de même que l'approfondissement des relations économiques. La Chine et la Suisse doivent combattre la crise la main dans la main, a assuré le premier ministre chinois. En tant que principale place financière mondiale, la Suisse a vocation à participer aux discussions du G-20, où se déroulent les débats sur l'amélioration du cadre normatif, ont rappelé, dans ce contexte, ses interlocuteurs helvétiques.
Pour la Chine, la Suisse est un partenaire intéressant, avec un poids économique et financier assez conséquent pour lui permettre d'amasser de l'expérience en matière de libre-échange, une tête de pont, en quelque sorte, sur le continent européen. Pour l'économie, un tel accord avec la Chine constituerait, après celui qui va être signé avec le Japon dans les semaines à venir, un nouvel ancrage dans cette partie du monde.
A l'occasion de cette visite, Doris Leuthard et le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, ont également signé un nouvel accord bilatéral sur la protection des investissements, qui remplace des dispositions datant de 1986. Vu le chemin parcouru depuis lors par la Chine, ce premier traité s'avérait largement dépassé. Il n'offrait par exemple pas de traitement national aux investisseurs de l'autre partie et ne prévoyait qu'un accès très limité au mécanisme d'arbitrage international. Les principales dispositions de l'accord signé mardi concernent le traitement des investissements étrangers par l'Etat hôte, le transfert du capital et des revenus de l'investissement, l'indemnisation en cas d'expropriation et des procédures de règlement des différends. Il permettra aux investisseurs suisses, se félicite le Département fédéral de l'économie, de figurer parmi les premiers à bénéficier d'une protection de droit international de haut niveau sur le marché chinois.
Cet accord devrait renforcer l'attractivité du marché chinois pour les entreprises suisses. Plus de 300 d'entre elles sont installées en Chine et y emploient près de 110 000 personnes. Avec cinq milliards de francs, la Suisse est le 15e investisseur étranger dans ce pays. L'approfondissement des relations économiques devrait également renforcer les investissements chinois en Suisse, qui demeurent à ce jour modestes. Les deux parties se promettent également de développer les échanges dans les domaines de la culture, de l'environnement, de la technologie et du tourisme. Le dialogue sur les droits de l'homme sera tout aussi bien poursuivi.
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