Faire souffler le vent du printemps dans l'hiver rigoureux " que traversent les relations sino-européennes... La citation fleurie du journal Huan Qiu Shibao, publication affiliée au Quotidien du peuple, donne le ton de la tournée européenne de Wen Jiabao. Le premier ministre chinois entame, mardi 27 février, un voyage destiné à renouer le dialogue avec son principal partenaire commercial, l'Union européenne (UE).
La relation de Pékin avec les Vingt-Sept traverse une mauvaise passe. En décembre 2008, la rencontre annoncée entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama avait poussé M. Wen à annuler un sommet sino-européen prévu à Lyon. La bouderie chinoise n'épargne toujours pas la France. Le chef du gouvernement chinois l'évite soigneusement durant sa tournée européenne, qui doit le mener en Suisse, où il assistera au sommet de Davos, au siège de la Commission à Bruxelles, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne.
Pour la Chine, c'est à la France de faire le premier pas." Celui qui a accroché la clochette doit la décrocher ", a dit récemment le ministre adjoint chinois des affaires étrangères Wu Hongbo, citant un vieux proverbe. En réponse, le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagneaux, avait déclaré que la" France veut avoir avec la Chine une relation qui est utile à tous, une relation stable et calme ", mais sans évoquer le geste attendu par Pékin. Un geste que, côté français, on est encore bien en mal de trouver. On est en tout cas loin du climat d'octobre.
Durant la visite de M. Sarkozy à Pékin dans le cadre du sommet entre l'Europe et les pays d'Asie (ASEM), l'Elysée se félicitait alors que le président Hu Jintao eût dit à son homologue français qu'il fallait fêter dignement le 45e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre Pékin et Paris. L'anniversaire tombe le 27 janvier, jour du départ de Wen Jiabao. Il sera" célébré " discrètement à Paris, à l'ambassade de Chine, en présence d'une délégation d'anciens diplomates chinois.
CRISE FINANCIÈRE
Pour la Chine, en cette période de ralentissement de la croissance provoqué par la crise financière mondiale, la priorité est de réchauffer ses relations avec l'UE. A Bruxelles, vendredi 23 janvier, lors du passage de M. Wen, l'accent sera mis sur la gestion de la crise et la préparation des prochaines échéances du G20, début avril, destinées à soutenir le principe d'une plus grande régulation mondiale. Doit être aussi évoquée la question du taux de change de la monnaie chinoise - qui doit être" davantage en rapport avec la réalité ", selon Bruxelles. Même difficulté au sujet du réchauffement climatique, Pékin rejetant toujours la perspective d'une baisse contraignante des émissions de gaz à effet de serre.
Au-delà de cette visite, les Européens espèrent la tenue d'un véritable sommet UE-Chine, sommet que le représentant européen pour les affaires extérieures, Javier Solana, espère le" plus tôt " possible. La présidence tchèque de l'UE pourrait l'organiser d'ici à juin.
Bruno Philip (avec Philippe Ricard à Bruxelles)
PHOTO - Le Français, Daouda Sow contre le Chinois, Hu Qing lors des Jeux Olympiques de Pékin 2008 (Le Français a gagné 9-6...) / REUTERS© 2009 SA Le Monde. Tous droits réservés.
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