DIPLOMATIE La chancelière allemande s'est davantage attardée sur les contrats que sur les droits de l'homme avec le premier ministre chinois.
LA CHANCELIÈRE allemande, Angela Merkel, a livré une véritable offensive de charme, hier, à son homologue chinois Wen Jiabao, qui lui faisait l'honneur de sa première visite en Europe depuis la brouille sino-européenne sur le Tibet. Alors que la crise financière a durement touché la première économie européenne, il n'est plus question pour la chancelière de sortir des sentiers battus sur la question des droits de l'homme en Chine. Vue de Berlin, la seule lueur d'espoir pour les exportations allemandes se trouve à Pékin.
Après l'accueil sur tapis rouge avec garde d'honneur et la réception dans la salle à manger privée de la chancelière, réservée aux hôtes de marque, la question du Tibet a été rapidement évacuée. Merkel a appelé le gouvernement chinois à reprendre ses discussions avec le dalaï-lama, chef spirituel en exil du Tibet. « Nous avons évoqué la situation au Tibet et du point de vue allemand, j'ai souligné qu'il serait dans notre intérêt commun que les pourparlers avec le dalaï-lama reprennent », a déclaré Merkel lors d'une conférence de presse conjointe avec Wen.
Quelques heures avant l'arrivée du premier ministre chinois, la ministre allemande de la Justice, Brigitte Zypries, avait préparé le terrain en jugeant que Pékin avait accompli des progrès « irréversibles » en matière de respect des droits de l'homme. Depuis 2007, les peines de mort doivent être approuvées par le plus haut tribunal du pays, une mesure qui a entraîné une « réduction notable » du nombre des exécutions, selon Zypries. Par ailleurs, les avocats ont le droit de rencontrer leurs clients sans permission préalable, et les avocats ont accès aux dossiers de la police concernant leurs clients, a ajouté la ministre.
Berlin a été vacciné contre les excès par une période de glaciation des relations sino-germaniques, provoquée par une réception du dalaï-lama à la Chancellerie en 2007. La Chine avait été particulièrement froissée par ce geste, qui était intervenu seulement trois semaines après que Wen eut reçu Merkel de façon très chaleureuse à Pékin. Après la réception du chef tibétain à Berlin, le gouvernement chinois avait annulé toutes les visites ministérielles et les signatures de contrats avec les entreprises allemandes pendant plusieurs mois.
Wen sait aussi se montrer généreux. Il a lâché que l'escale en Allemagne était l'« étape la plus importante » de sa tournée en Europe, qui évite soigneusement Paris. Il a remercié la chancelière d'être revenue à la politique de son prédécesseur, Gerhard Schröder, d'un pudique « dialogue sur les questions d'État de droit ». Avant de signer cinq gros contrats. Et d'affirmer que l'Allemagne est de nouveau un « partenaire clé » pour la Chine.
Les entreprises allemandes se réjouissent de ce retour à la raison économique, qui prime sur le reste alors que l'Allemagne traverse sa plus grave crise depuis soixante ans. En dépit de la baisse de dynamisme de la croissance chinoise, l'Allemagne compte sur la Chine - troisième importateur de produits germaniques - pour maintenir ses exportations, pilier de son économie.
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