lundi 16 février 2009

INTERVIEW - Le président-directeur du Musée du Louvre défend l'art contemporain

Le Figaro, no. 20074 - Le Figaro et vous, jeudi, 12 février 2009, p. 30

Henri Loyrette : « Une commande du Louvre pour une exposition temporaire »

DRÔLE d'endroit pour une rencontre ? Haute, rouge, lourde de décor et du poids de ses maîtres du XIXe, la salle Denon accueille les cinq grandes toiles fluides, presque sans matière, de Yan Pei-Ming. Pile entre Roger délivrant Angélique, tout en sensualité, d'Ingres, La Jeune Martyre, vierge aux mains liées et à l'auréole flottant comme un nuage, de Paul Delaroche, et La Mort de Roland, par Achille Etna Michallon. Après L'Ange de la métamorphose du Flamand Jan Fabre dans les salles de l'école du Nord, Henri Loyrette s'explique sur ce vent d'est, bien contemporain, qui souffle jusqu'en mai dans les galeries historiques.

LE FIGARO. - Pourquoi avoir choisi Yan Pei-Ming pour succéder à Picasso, salle Denon ?

Henri LOYRETTE. - J'ai rencontré Yan Pei-Ming en Chine lors d'un voyage officiel, nous avons été tous deux pensionnaires à la Villa Médicis. J'aimais déjà son oeuvre. J'avais vu l'exposition « Portraits d'artistes » à la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence, en 2007, et j'avais été frappé par ses grands formats, qui tenaient bon face à Giacometti. Je voyais le peintre à l'oeuvre, un vrai peintre d'histoire capable de se confronter aux grands peintres d'histoire du XIXe siècle.

Quand avez-vous découvert « Les Funérailles de Monna Lisa » ?

J'ai découvert la série complète dans l'atelier de Yan Pei-Ming. Frappé que cet artiste sache à la fois respecter son modèle si glorieux et s'en échapper, imaginer ces grandes vanités qui s'évadent comme des plages du fond du tableau de Vinci pour devenir une abstraction contemporaine. C'est une commande du Louvre pour une exposition temporaire. Mais nous n'avons pas acheté l'oeuvre comme cela a été le cas pour Anselm Kiefer, dont le ciel cosmique couronne désormais l'escalier nord de la colonnade, dans l'aile Sully. 2010 verra l'avènement des vitraux de François Morellet et le plafond de Cy Twombly dans la salle des Bronzes. Le Louvre retrouve, grâce à eux tous, son lien direct avec son époque.

Valérie DUPONCHELLE

PHOTO - Henri Loyrette et Khadafi, Paris, 13 décembre 2007

© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.

0 commentaires: