On pourrait être tenté d'expliquer les résultats commerciaux asiatiques de janvier par la pénurie de crédit, indispensable au financement des échanges commerciaux. Pourtant, les derniers chiffres sont bien plus mauvais que ceux de décembre, alors qu'entre-temps, les circuits financiers mondiaux se sont légèrement détendus. Il semble donc que la faiblesse persistante des exportations asiatiques ait une cause plus fondamentale.
Il y a au moins deux analyses possibles du phénomène.
La première consiste à penser que des surplus de marchandises se sont formés dans la chaîne qui approvisionne les consommateurs américains, entraînant ainsi en amont des excédents de stocks chez les fournisseurs chinois et, au-delà, dans les pays qui procurent à la Chine les composants élémentaires qu'elle se charge d'assembler. Les exportations japonaises vers la Chine ont elles-mêmes diminué de 45,1 % en janvier. Ainsi, il s'agirait de la répercussion en chaîne de l'augmentation des stocks aux Etats-Unis et il reviendrait à l'Asie, qui dispose de beaucoup plus de liquidités, de financer ces excédents de marchandises.
L'autre analyse verrait dans le déclin des exportations asiatiques la première étape d'une régression majeure du commerce international, éventuellement aussi grave que dans les années 1930, où les échanges internationaux s'étaient réduits des deux tiers. Voilà qui serait de très mauvais augure pour l'économie mondiale.
Les statistiques des exportations asiatiques des deux prochains mois viendront peut-être clarifier les choses. S'il se confirme que c'est un problème de stocks excessifs, la tension s'apaisera dès que la demande américaine se sera stabilisée. Mais si ces statistiques continuent de se dégrader, il faudra retenir l'explication la plus inquiétante.
Sur breakingviews.comMartin Hutchinson
(Traduction de Christine Lahuec)
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