La baisse des réserves publiques de change chinoises menace le financement de la relance américaine.
LE COMMERCE extérieur chinois a donné des nouveaux signes de fléchissement en janvier. Les exportations ont plongé de 17,5 % et les importations de 43,5 %, reflétant la baisse des commandes passées des États-Unis et d'Europe, mais aussi le ralentissement de la machine chinoise. La balance commerciale reste positive pour la Chine, mais l'affaiblissement des échanges commerciaux pèse sur les réserves de change chinoises, si convoitées.
Fin 2008, elles s'élevaient à 1 950 milliards de dollars, soit 27,3 % de plus que l'année précédente, une progression bien moins spectaculaire que celle de 2007 avec + 43,3 %, selon les chiffres de la Banque populaire de Chine (PBOC), la banque centrale chinoise. Cela n'a pas empêché la Chine de devenir, en septembre dernier, le premier créancier des États-Unis devant le Japon.
Trésor très secrètement géré
Mais ces colossales réserves pourraient finir par s'amenuiser, comme le montrait une première diminution de 50 milliards de dollars sur le mois d'octobre, absorbée dans la hausse générale du quatrième trimestre.
Les analystes ne voient pas d'autre baisse en 2009, mais un ralentissement plus ou moins net de l'accumulation par Pékin de devises. « Nous continuons de prévoir une progression de 300 milliards de dollars pour 2009, contre 400 milliards l'an dernier », annonce Wang Tao, analyste chez UBS Securities à Pékin.
L'agence de notation Fitch prévoit en revanche une hausse de seulement 177 milliards de dollars. Un net changement de rythme par rapport aux années précédentes. Les différences d'estimation révèlent aussi la difficulté pour les économistes d'anticiper les mouvements de cette réserve, dont les secrets sont jalousement gardés par le gouvernement chinois.
La State Administration of Foreign Exchange (SAFE), sous la tutelle de la PBOC, gère au quotidien les réserves de change, mais les grandes décisions stratégiques sont prises par le Conseil d'État, équivalent du gouvernement. Les chiffres ne sont publiés qu'une fois par trimestre et ne mentionnent pas le détail des investissements effectués. Entre la moitié et les deux tiers de cette cassette seraient placés en bonds du Trésor américain.
Stabilisation du yuan
Face à l'opacité de l'administration, difficile d'interpréter la diminution de la réserve en octobre. Quels flux de capitaux ont pu créer un tel recul ? Plusieurs facteurs se sont conjugués. « La principale raison est bien sûr le ralentissement des échanges commerciaux, il y a aussi la baisse de l'euro et le départ de certains flux spéculatifs », estime Stephen Green, économiste à la Standard Chartered Bank à Shanghaï.
Les investissements directs étrangers ont également ralenti, et certains profits opérés en Chine par des entreprises étrangères ont été rapatriés pour les besoins des sièges en difficulté. Par ailleurs, la banque centrale a décidé de stabiliser sa monnaie ces derniers mois, freinant les velléités de ceux qui achetaient des yuans en pariant sur sa hausse. Le montant des réserves en dollars imposées aux banques chinoises a également été revu à la baisse l'été dernier, leur permettant de dégager davantage de yuans pour accorder des crédits.
De façon plus marginale, des particuliers dépensent leurs dollars hors de Chine, faute de pouvoir placer leur argent en Bourse ou dans un immobilier en chute libre. Certaines sociétés chinoises proposent des voyages organisés aux États-Unis pour faire visiter des appartements en liquidation judiciaire à des acquéreurs chinois.
Julie DESNE
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