Le PDG américain de Lenovo, Bill Amelio, a été débarqué - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20358 - Technologies de l'information, vendredi, 6 février 2009, p. 24

Dans le rouge, Lenovo revient à une direction 100 % chinoise

Bill Amelio a été débarqué. Il est remplacé par un tandem constitué par Yang Yuanqing et Liu Chuanzhi. Le numéro quatre mondial du PC peine à s'internationaliser depuis le spectaculaire rachat, en 2005, de la division PC d'IBM. Le groupe a enregistré une perte de 96,7 millions de dollars sur le dernier trimestre de 2008.

Le PDG américain du géant informatique chinois Lenovo paie cash les mauvais résultats de son groupe. Après avoir révélé des pertes nettes de 96,7 millions de dollars sur le dernier trimestre de 2008, la société a annoncé que Bill Amelio était immédiatement remplacé par l'actuel président du conseil d'administration, Yang Yuanqing. Le fauteuil de ce dernier sera désormais occupé par l'un des fondateurs de la société, Liu Chuanzhi, qui revient aux affaires. Selon les analystes, le retour aux commandes d'un tandem 100 % chinois pourrait signaler un changement de stratégie du numéro quatre mondial du PC qui peine à s'internationaliser depuis le spectaculaire rachat, en 2005, de la division PC d'IBM pour 1,75 milliard de dollars.

Malgré d'importantes campagnes marketing en Occident et la sortie d'une gamme complète d'ordinateurs haut de gamme pour les entreprises, Lenovo ne parvient pas à faire progresser ses parts de marché en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis. A l'échelle mondiale, le groupe a même perdu du terrain, l'an dernier, face à ses grands concurrents Hewlett-Packard, Dell et Acer. Il n'était plus crédité, par l'institut de recherche IDC, que de 7,2 % des ventes mondiales de micro-ordinateurs au dernier trimestre de 2008. Un an plus tôt, il contrôlait encore 7,5 % de ces ventes.

Priorité aux pays émergents

Dans le même temps, le concurrent taïwanais Acer a vu, lui, sa part de marché mondiale passer de 9,4 % à 11,8 %.

« Nous n'abandonnons pas nos activités dans les pays matures. Nous allons faire de notre mieux pour protéger notre marché en Europe et en Amérique », a tenu à préciser, hier, Liu Chuanzhi, avant d'expliquer que le groupe allait toutefois se reconcentrer, un temps, sur la Chine, les marchés émergents et les ventes aux particuliers. Contrôlant près de 30 % du marché chinois, Lenovo estime qu'il peut appliquer les recettes locales de son « succès » à d'autres pays en voie de développement, tels que l'Inde ou la Russie, où les consommateurs et les petites entreprises auraient des profils similaires à ceux que le groupe maîtrise parfaitement.

Mais, s'il est salué par les analystes, ce repositionnement sur le segment de masse des ordinateurs d'entrée de gamme pourrait s'avérer compliqué dans un environnement économique dégradé.

« Les prochains trimestres continueront d'être très difficiles pour Lenovo et le secteur dans son ensemble », a d'ailleurs admis, hier, le fabricant d'ordinateurs qui s'était déjà lancé en janvier dernier dans un sévère plan de restructuration.

YANN ROUSSEAU DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.

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