vendredi 6 mars 2009

ÉDITORIAL - Quand la Chine relance - Nicolas Barré

Les Echos, no. 20377 - Idées, jeudi, 5 mars 2009, p. 14

Relance toute ! L'ouverture, aujourd'hui, de la session annuelle du Parlement chinois va donner l'occasion aux 2.985 délégués venus des provinces ainsi qu'aux leaders nationaux du pays de plaider de concert pour la relance de l'économie. Tout est orchestré pour montrer au peuple chinois que, de haut en bas de la pyramide politico-administrative, chacun tend vers ce même objectif. Des instructions ont déjà été données aux entreprises d'Etat pour qu'elles ne licencient pas, aux provinces pour qu'elles accompagnent l'effort décrété par le centre, aux banques pour qu'elles continuent à prêter.

L'un des enjeux de la relance chinoise intéresse les classes moyennes, choyées par le régime mais confrontées à la dureté des temps. Elles sentent que la promesse d'enrichissement n'est plus aussi certaine que lorsque l'économie tournait à plein régime, or cette promesse fonde la légitimité du parti. Les familles qui se sont sacrifiées pour permettre à un fils ou une fille d'étudier s'inquiètent. Des millions d'étudiants risquent bientôt de ne pas trouver d'emploi à la hauteur de leurs espérances. Vingt ans après Tiananmen, leur réaction est imprévisible et Wen Jiabao ne ménage pas ses efforts à leur égard.

Les dirigeants de Pékin ne peuvent se permettre de perdre le soutien de ces populations, surtout à un moment où, au bas de l'échelle, les effets du ralentissement se traduisent par des licenciements massifs comme dans le Guandong, coeur industriel frappé de plein fouet par la dégrindolade des exportations. Depuis l'intensification de la crise financière occidentale en septembre, 2 millions de personnes auraient perdu leur emploi dans cette seule province, prouvant à quel point la fortune de pans entiers de l'économie chinoise dépend des marchés extérieurs.

Si l'enjeu politique de la relance est évident, la réactivité dont ont fait preuve les dirigeants chinois est impressionnante. Un premier plan de relance massif a été annoncé dès novembre, quand la plupart des pays occidentaux, pourtant plus touchés, débattaient encore du leur. Le budget prévoit d'ores et déjà un déficit supérieur à ce qu'il a été au pire de la crise asiatique, il y a dix ans. Et un deuxième train de relance, encore plus vaste, est en passe d'être dévoilé. La Chine s'est fixé un cap clair, atteindre 8 % de croissance, et s'en donne les moyens. C'est peut-être ce qui explique la relative confiance dont font preuve les responsables économiques chinois, alors qu'à l'étranger ces efforts suscitent davantage de scepticisme. Nous aurions tort, pourtant, de sous-estimer la détermination de la Chine à remplir ses objectifs.

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