mardi 24 mars 2009

Entre Paris et Pékin, la bouderie est loin d'être finie - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20108 - Le Figaro, mardi, 24 mars 2009, p. 7
Aucune rencontre n'est prévue, en marge du G20, entre Nicolas Sarkozy et son homologue Hu Jintao.

IL N'Y A, pour l'heure, pas de petit salon réservé dans les coulisses du G20 de Londres pour un tête-à-tête entre Nicolas Sarkozy et Hu Jintao. Un vice-ministre chinois des Affaires étrangères, He Yafei, a annoncé hier qu'en marge de la réunion du 2 avril, le président chinois aurait une série d'entretiens bilatéraux avec des chefs d'État, notamment les présidents américain Obama, russe Medvedev, brésilien Lula et le premier ministre britannique Gordon Brown. Mais qu'aucune rencontre de cette sorte n'était prévue avec le chef de l'État français.

Pourquoi cette nouvelle bouderie ? « Je crois que la raison est connue de tous et je ne vais pas la répéter », a répondu le vice-ministre, en réclamant de nouveau des « actions concrètes » de la France pour réparer des liens si distendus. Sur ce « geste » attendu, le premier ministre Wen Jiabao a récemment invité Paris à clarifier sa position sur le Tibet. Chose faite le jour même par le Quai d'Orsay, qui a réaffirmé son « soutien à l'intégrité territoriale de la Chine » et son refus de tout « soutien à l'indépendance du Tibet ». Mais le premier vice-ministre des Affaires étrangères Wang Guangya en a dit un peu plus, en précisant que la France devait aussi avoir un « engagement clair » sur « la question des rencontres avec le dalaï-lama ».

En clair, Pékin - tant pour des raisons de politique extérieure qu'intérieure - passe la vitesse supérieure et veut faire aujourd'hui de l'engagement à ne pas rencontrer le dalaï-lama une norme des relations internationales. Le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi a d'ailleurs averti tous les pays de la planète que leur relation avec la Chine dépendrait clairement de leur attitude sur le sujet.

La démonstration de l'efficacité de cette politique aurait été fournie hier par l'Afrique du Sud, qui a reconnu ne pas vouloir délivrer de visa au dalaï-lama parce que ce n'était pas dans « l'intérêt » du pays. On voit mal cependant nombre d'États s'engager formellement sur un tel terrain. Les tests vont d'ailleurs vite venir, puisque le leader tibétain doit faire une nouvelle tournée en Europe en juin, au cours de laquelle il pourrait visiter les Pays-Bas, le Danemark, l'Irlande et la République tchèque. Et surtout, il doit se rendre à l'automne aux États-Unis, où l'on peut penser que Barack Obama le rencontrera comme les autres présidents américains.

Une rafale de visites françaises prévue en avril

À Paris, l'affaire est gérée en direct par Jean-David Lévitte (PHOTO) à l'Élysée. Les Français ont mis sur la table des initiatives permettant de sceller une réconciliation. Cela suffira-t-il ? On ne sait si l'ancien directeur général du FMI, Michel Camdessus, à Pékin vendredi dernier, mandaté par l'Élysée pour coordonner les positions sur le G20, a pu prendre une température favorable. Une rafale de visites françaises est prévue en avril, avec Jean-Pierre Raffarin, le président de l'Assemblée Bernard Accoyer, la secrétaire d'État au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac et deux anciens présidents de la République, Jacques Chirac puis Valéry Giscard d'Estaing. Si le rendez-vous de Londres est raté, il y a aura encore l'occasion du G8 début juillet en Sardaigne. Au-delà, le temps paraîtrait bien long...

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