jeudi 12 mars 2009

La Chine compte désormais sur ses investissements intérieurs - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20382 - International, jeudi, 12 mars 2009, p. 8

Les exportations ont reculé de 25,7 % en glissement annuel le mois dernier. Pékin table sur sa politique de grands chantiers pour maintenir l'activité.

Tous les espoirs des entreprises chinoises sont désormais concentrés sur les promesses de relance du gouvernement. Hier, les usines du pays, qui réalisent selon le ministère du Commerce plus de 30 % de leurs ventes à l'étranger, ont compris qu'elles n'allaient pas pouvoir compter, cette année, sur l'habituelle vigueur de leurs exportations pour assurer leur croissance et que seul le marché intérieur pourrait les sauver. Selon les statistiques des douanes, les exportations du pays ont chuté, le mois dernier, de 25,7 % en glissement annuel. Les experts les plus pessimistes avaient annoncé un recul de 10 % au maximum. « Les chiffres des exportations reflètent enfin la réalité», expliquait, hier, Ben Simpfendorfer, l'économiste en chef de Royal Bank of Scotland. Sur les deux premiers mois de l'année, le volume des exportations a baissé de 21,1 % par rapport au début de 2008, pour atteindre 155,3 milliards de yuans. Dans le même temps, les importations ont plongé de 34,2 %. « Ce chiffre des exportations restera dans le rouge tant que les grandes économies de la planète seront en récession», prévenait, hier, Sherman Chan de Moody's Economy.com.

Après avoir vu plus de 20 millions de ses travailleurs migrants, essentiellement employés dans les sociétés tournées vers l'export de jouets, de textile, de chaussures ou de petit électronique, perdre leur emploi depuis l'automne, Pékin redoute que la dégradation de son commerce extérieur ne provoque un nouveau recul de l'investissement manufacturier et une nouvelle poussée du chômage dans les prochaines semaines. La détérioration du marché de l'emploi ne manquerait pas de peser sur la demande intérieure, que le gouvernement espère pourtant réactiver pour maintenir une croissance de 8 % du PIB sur l'ensemble de 2009.

La consommation fléchit

Mardi, le Bureau national des statistiques s'était déjà inquiété d'une baisse possible de la consommation après avoir révélé que la Chine avait enregistré le mois dernier la première chute depuis plus de six ans de son indice des prix à la consommation. Si ce recul (1,6 % en glissement annuel sur février) se confirmait, il pourrait inciter les ménages, déjà peu enclins à puiser dans leur épargne, à différer leurs achats.

Pour réinsuffler de la confiance dans le pays et soutenir l'activité, le gouvernement chinois a ordonné dès novembre dernier une relance spectaculaire des investissements dans le pays, dans le cadre d'un plan aux contours assez flous de 4.000 milliards de yuans. Hier, les statistiques de l'investissement en capital fixe semblaient indiquer un début de succès de sa stratégie. Sur les deux premiers mois de l'année, ces investissements dans de nouvelles routes, des gares ou des centrales électriques ont bondi de 26,5 %. Les dépenses dans des projets soutenus par le gouvernement central ont notamment progressé de 40 % quand le volume d'argent consacré au développement des chemins de fer s'envolait de 210 % sur un an. Si les analystes saluent ce mouvement, ils notent que certains secteurs privés, notamment dans l'immobilier, semblent beaucoup moins entreprenants que les grands groupes d'Etat ou les collectivités locales aux ordres de Pékin.

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