Le métal rouge s'est offert cette semaine une hausse qui rappelle les temps où il flirtait avec les 9.000 dollars la tonne. Les espoirs suscités par le plan de relance chinois en sont à l'origine. Mais, pour l'heure, la demande réelle n'est pas là.
Les cours du métal rouge sont incandescents. Le forgeron à l'oeuvre n'est autre que la Chine, qui absorbe, à elle seule, 27 % de la consommation mondiale de ce non-ferreux. Acte un. Mardi et mercredi, le marché s'enflamme à l'approche de l'annonce d'un nouveau plan chinois de soutien à l'économie. Le ministre des Finances chinois met de l'huile sur le feu en affirmant que le gouvernement souhaite consacrer davantage de capitaux pour renflouer les réserves stratégiques de l'Etat en matières premières. Pékin voudrait ajouter quelque 300.000 tonnes de cuivre à ses stocks en 2009. Conséquence : en deux jours, le prix du contrat à trois mois sur le London Metal Exchange (LME) a bondi de 360 dollars par tonne, à 3.745 dollars, soit une hausse de 10,6 %. Au plus haut depuis novembre, les réserves officielles de cuivre ont accéléré leur baisse. On se croirait revenu à l'époque où la tonne de cuivre tutoyait les 9.000 dollars. Cela se passait il y a seulement huit mois.
Acte deux. Hier, à la suite des déclarations jugées décevantes du Premier ministre Wen Jiabao devant le Parlement chinois, les cours ont rebroussé chemin pour s'incliner en fin de séance de 2,7 % à 3.645 dollars la tonne. Le numéro un chinois a déclaré que le paquet de 585 milliards de dollars déjà décidé ne sera pas agrémenté de mesures supplémentaires. Ce qui a suffi à provoquer la vague de liquidations de jeudi. « Le problème est que si tous ces plans de relance peuvent donner une première impulsion à la croissance, ils nécessitent que le secteur privé s'y mette aussi et prenne le relais une fois la pompe amorcée », commente Edward Meir chez MF Global. « Il est inconcevable de croire que les dépenses publiques, peu importe leur objectif et leur destination, puissent être un substitut adéquat au secteur privé », enchaîne l'expert.
Demande « lymphatique »
C'est pourquoi le redressement des prix du cuivre est d'une grande fragilité. D'autant plus que « l'espoir généré par le plan chinois est également tari par les statistiques macroéconomiques invariablement mitigées des Etats-Unis », poursuit-il. Le calendrier des achats de métal rouge pour ses réserves stratégiques n'est pas clair. Certains observateurs tablent sur 50.000 tonnes acquises jusqu'ici, d'autres croient savoir que les deux tiers des quelque 300.000 tonnes prévues à l'achat cette année sont déjà dans les entrepôts de l'Etat. La confusion est souveraine. Seul fait avéré, notent les analystes de NikkoCiti, « la demande réelle reste lymphatique ». Pour eux, le prix va continuer de monter à courte échéance, mais un véritable raffermissement des cours devra attendre que la demande réelle reprenne de la vigueur. Et, à ce propos, « il est prématuré de se montrer optimiste ». Plus confiants, leurs homologues de Fairfax ont relevé hier de 3.000 à 3.400 dollars la tonne leurs prévisions de cours moyen en 2009 (3.600 dollars en moyenne au premier semestre et 3.200 dollars au second). Explication : « le rétablissement de l'économie chinoise se fera plus tôt que prévu ». Quel que soit le scénario adopté, c'est encore et toujours la Chine qui en fournit le décor.
LIRE AUSSI - Matières premières, M. Hu et le métal rouge - Alain Faujas
© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire