Est-ce parce que Hu Jintao, le président chinois, a arpenté le continent africain début février pour la quatrième fois en cinq ans (en jurant ses grands dieux qu'il n'y venait pas pour ses matières premières et notamment pour le cuivre) ?
Est-ce parce que Pékin s'échine à sauver feu sa belle croissance, en dépensant 450 milliards d'euros notamment dans la construction d'infrastructures (grandes consommatrices de tuyaux et de câbles électriques, donc de cuivre) ?
Est-ce parce que le président Obama essaie de faire pareil aux Etats-Unis en misant 787 milliards de dollars (618,5 milliards d'euros) dans la construction de ponts, de routes, d'écoles, etc. (donc avec du cuivre) ?
Toujours est-il que les marchés se sont mis à regarder avec de tout autres yeux le " métal rouge " qu'ils avaient allégrement massacré au quatrième trimestre 2008, faisant tomber son cours de 6 000 à 3 000 dollars la tonne.
Et si cette avalanche de centaines de milliards de yuans, d'euros, de yens et de dollars parvenait à dégripper le moteur économique mondial ? Et si la demande de câbles électriques et de circuits électroniques repartait comme naguère ? La société Trafigura Beheer, par exemple, s'attend à ce que la Chine, premier consommateur mondial de cuivre, augmente de 37 % ses importations en 2009.
Il a suffi que la rumeur de la fin du destockage chinois en matière de cuivre hante les marchés pour que les prix reprennent 14 % depuis le début de l'année... pour s'affaisser périodiquement, comme vendredi 27 février, où à Londres, la tonne à trois mois est retombée à 3 375 dollars.
" Il est vrai que le cuivre connaît un rebond depuis le début de l'année, reconnaît Hervé Lievore, stratégiste chez Axa Investment Managers, à Londres. En fait, il s'agit d'un retour à la normale après la forte correction d'octobre à décembre. Mais parier sur le plan de relance chinois serait hasardeux. " Car partout, l'immobilier, la voiture et l'électronique se trouvent mal en point.
" Certes, le bureau chinois des réserves stratégiques profitera des bas prix pour faire son marché et reconstituer ses stocks, mais d'autres acteurs se retireront, poursuit M. Lievore. En outre, Pékin va rationaliser ses groupes métallurgiques, ce qui réduira la demande de cuivre. Au mieux, les divers plans de relance maintiendront la demande de ce métal au niveau de 2008. "
L'étonnante vitalité du communisme de M. Hu ne sauvera pas le métal rouge pour l'instant.
Alain Faujas
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