mardi 3 mars 2009

L'Asie du Sud-Est tente de faire bonne figure face à la crise - Marie-Christine Corbier

Les Echos, no. 20375 - International, mardi, 3 mars 2009, p. 6

Face à la crise, l'Asean entend se transformer en entité économique d'ici à 2015, en s'inspirant de l'Union européenne. L'initiative laisse sceptiques nombre d'observateurs.

Protéger les nations d'Asie du Sud-Est face à la crise mondiale. C'est ce qu'ont essayé de faire ce week-end les dirigeants des dix pays de l'Asean (1). Réunis pour leur 14e sommet annuel, en Thaïlande, ils se sont engagés à « rester fermes contre le protectionnisme et [à] éviter de mettre en place de nouvelles barrières ». Une déclaration qui reste à concrétiser alors qu'en février l'Indonésie ordonnait à ses fonctionnaires de consommer des produits locaux et que le Premier ministre malais considère comme « normal » - à en croire les médias locaux - de recourir au protectionnisme en temps de crise...

Soucieux d'apparaître comme une entité régionale concrète en cette période, l'Asean entend aussi former une communauté économique s'inspirant de l'Union européenne à l'horizon 2015. En attendant, ses membres ont signé un accord pour une zone de libre-échange avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande, avec lesquelles ils négociaient depuis quatre ans. Autre mesure envisagée avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud : la création d'un fonds d'entraide de 120 milliards de dollars. Principalement abondé par ces trois pays, il devrait fonctionner comme une ligne de crédit d'urgence pour les membres de l'Asean et voir le jour d'ici au prochain sommet de l'association, du 10 au 12 avril.

Problèmes écrasants

Autant de mesures destinées à montrer que les pays d'Asie du Sud-Est ne restent pas inertes. Pourtant, les solutions esquissées ont du mal à convaincre. Nombre d'observateurs doutent de la capacité de l'Asean à résister « collectivement » à la crise : les disparités entre les pays du groupement sont réelles et l'association est souvent perçue comme « un moulin à paroles ». « Ils essaient de faire bonne figure [mais] les problèmes sont écrasants », glissait ce week-end un économiste. Singapour est en récession, la Thaïlande est sur le point de l'être et des millions d'emplois sont en jeu dans la région. Quant à la toute nouvelle zone de libre-échange avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande, plusieurs experts jugent qu'elle n'aura pas d'effet tant que le problème de fond - celui de la demande mondiale - ne sera pas résolu...

MARIE-CHRISTINE CORBIER

Note(s) :

(1) L'Asean regroupe la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l'Indonésie, les Philippines, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge.

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