Le gouvernement australien a refusé, vendredi, de valider, pour des raisons de sécurité nationale, l'un des ambitieux projets d'acquisitions lancés ces derniers mois sur son territoire par des groupes publics miniers chinois. Wayne Swan, le ministre des Finances, a indiqué que son gouvernement ne pourrait pas autoriser le rachat pour 1,8 milliard de dollars d'Oz Minerals, le troisième groupe minier diversifié australien, par Minmetals, le géant chinois du négoce de métaux, tant que l'accord, signé à la mi-février entre les deux groupes, prévoirait la prise de contrôle d'une immense mine de cuivre et d'or située près d'un site de tests militaires jugé stratégique par Canberra. « Nous avons décidé que l'offre de Minmetals ne pouvait pas être approuvée si elle comprend le site de Prominent Hill », a expliqué le ministre, avant d'indiquer que son gouvernement se tenait toutefois prêt à étudier une proposition alternative de la partie chinoise.
Visiblement surpris par la sentence, Minmetals et Oz Minerals ont tous les deux indiqué que des négociations portant sur d'autres actifs moins sensibles se poursuivaient. « L'acquisition perd de son sens si le meilleur des actifs s'en trouve exclu », a pourtant pointé, dès vendredi soir, Le Yukun, un analyste de BOC international, basé à Shanghai. Lancée le mois dernier, la production de la mine de Prominent Hill devrait atteindre sa pleine capacité d'ici à la fin de l'année et pourrait générer, d'ici à la fin 2009, entre 85 000 et 100 000 tonnes de cuivre ainsi que près de 70 000 onces d'or.
Le veto de Canberra laisse Oz Minerals dans une impasse inquiétante. Miné par la baisse des prix de ses métaux phares, le groupe espérait que l'investissement de Minmetals lui permettrait de se défaire, à temps, d'une dette de 780 millions de dollars et de mieux résister à une nouvelle dépréciations de ses actifs. Sans le site de Prominent Hill, le groupe australien se retrouve bien moins attractif, notamment aux yeux des entreprises publiques chinoises qui, soutenues par Pékin, semblent être actuellement les seules à pouvoir se lancer dans des acquisitions d'envergure.
Réaction protectionniste
Si le gouvernement chinois n'a pas réagi publiquement ce week-end au veto australien, il ne va pas manquer de scruter, avec angoisse, l'évolution des autres opérations tentées par ses sociétés d'Etat et va guetter tout signe d'une réaction protectionniste de Canberra. Pékin, qui a refusé, pour des raisons confuses, il y a dix jours, le rachat par Coca-Cola de Huiyuan, un producteur de jus de fruits chinois, non lié à l'Etat, redoute de voir, à son tour, ses ambitions limitées, notamment en Australie, par des cadres politiques très sensibles aux réticences de l'opinion publique. Tout au long du week end, les autorités australiennes ont pourtant assuré qu'elles étudieraient au cas par cas les différents projets chinois. Elles doivent ainsi prochainement se prononcer sur l'investissement de 19,5 milliards de dollars tenté par Chinalco dans l'anglo-australien Rio Tinto.
YANN ROUSSEAU
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