Alors que son budget est en augmentation de près de 15 % en 2009, l'armée chinoise cherche à améliorer son image.
AUX YEUX de ses soldats, Liu Yucheng est la « perfection faite homme ». Un combattant d'élite et un officier au grand coeur, un maître ès technologies qui bivouaque à ses heures avec les philosophes.
Le très officiel China Daily a brossé récemment le portrait du nouveau soldat idéal de l'Armée populaire chinoise (APL). Une prose exaltée mais qui montre assez bien quel virage la Chine veut voir prendre à son armée, quelle image elle veut envoyer au monde aussi. Et ce à l'heure d'une montée en puissance maintenue : Pékin a annoncé mercredi que son budget militaire s'élèverait à 56 milliards d'euros en 2009, soit une hausse de 14,9 % par rapport à 2008. Une augmentation qualifiée de modeste, comparée à celle de l'année dernière, qui était de 17,6 %, mais qui reste des plus conséquentes. Les experts estiment d'ailleurs que le budget réel de la défense chinois - tenant compte notamment des achats d'armements et de la recherche - est deux ou trois fois supérieur à celui annoncé.
Le guerrier parfait est commissaire politique d'une force militaire spéciale appartenant au 42e Groupe de l'armée de terre. Liu Yucheng, qui passe 300 jours par an en dehors de chez lui, maîtrise « toutes les techniques de combat ». L'entraînement est très « risqué », quand il s'agit de nager dans une « mer infestée de requins ». Éprouvant aussi, puisque tous les hommes de sa brigade doivent pouvoir « courir 34 kilomètres lourdement armés, parcourir 20 kilomètres en bateau et nager 10 kilomètres avec armes » la semaine. Plus de 80 % des soldats sont capables de passer d'une spécialité à l'autre. Enfin, 68 d'entre eux ont reçu une formation à l'étranger, 23 ont fait des études supérieures et plus de 300 autres « ont été récompensés dans des compétitions d'arts martiaux ».
Mais le chef militaire est aussi doté d'une profonde empathie pour ses semblables. Il a « aidé des dizaines de soldats dont les familles étaient en difficulté » et « aidé une centaine d'autres à trouver un travail » une fois l'uniforme quitté. Depuis une décennie, Liu Yucheng s'occupe ainsi de la veuve d'un soldat « tué au combat », faisant tous les ans le voyage de Canton jusque dans le Hunan pour lui apporter ce dont elle a besoin.
« La puissance de la pensée »
Mais l'officier est persuadé que la victoire sur le champ de bataille « ne repose pas seulement sur les prouesses militaires ». Et là, on se prend à rêver qu'à l'instar de Liu les officiers de nos vieilles armées enseignent à leurs recrues « les idées philosophiques de René Descartes, Emmanuel Kant et Ernst Cassirer ». Ces auteurs ont donné à la troupe « la puissance de la pensée », et l'aident « à s'adapter aux évolutions de l'art de la guerre contemporain ». Liu, comme l'état-major chinois, a en effet désormais comme priorité les technologies de l'information.
Côté numérisation du champ de bataille, les militaires chinois ont en effet un petit complexe face aux armées occidentales. Un chercheur américain vient ainsi de prédire que la moitié de l'armée des États-Unis serait « robotique » d'ici à 2015. Mais ces unités mi-hommes mi-machines risquent d'être incapables de recevoir le précieux enseignement de Kant.
De La Grange, Arnaud
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