Le Figaro est honoré. Des dizaines de milliers de Chinois se sont rués hier sur notre site pour répondre « oui ! » à notre question du jour. À défaut de démocratie en Chine, l'Internet offre un clic libérateur, et s'il reste encore quelque 14 % de « non », c'est que l'immense majorité des 253 millions d'internautes chinois n'a pas encore entendu parler de notre sondage.
Plus sérieusement, cette sensibilisation massive de nos amis chinois à l'« affaire » des deux têtes de rat et de lapin volées par les troupes franco-britanniques lors du sac du Palais d'été, en 1860, et mises en vente lors de la dispersion des biens d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé, rappelle à quel point les Chinois sont encore marqués par les humiliations des colonisations, qu'elles soient européennes ou japonaises. Ce ressentiment, cette blessure, le gouvernement chinois en use volontiers lorsqu'il se retrouve en position délicate. Quel meilleur moyen de détourner l'attention des millions de citoyens chinois touchés par la crise mondiale que de réveiller le sentiment nationaliste autour d'une affaire sans réelle conséquence ?
En faisant monter au créneau, sur ce dossier, son ministère des Affaires étrangères, le pouvoir à Pékin veut également démontrer qu'il est le seul défenseur de l'identité chinoise. Où s'arrêtera ce jeu dangereux ? Parions que si nous demandions bientôt (ce que nous ne ferons pas) « Faut-il pendre le dalaï- lama ? », nous aurions demain dix millions de « clics » chinois...
François HAUTER
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