MOELLE ÉPINIÈRE de l'économie, les sociétés d'État chinoises sont elles aussi touchées par la crise, même si elles restent dans le vert. Les profits des 141 plus grandes entreprises publiques ont été réduits d'un tiers en 2008, selon les chiffres révélés en début de semaine par la State-owned Assets Supervision and Administration Commission (Sasac), l'organe de supervision de ces mastodontes. Ces sociétés d'État ont réalisé 77,2 milliards d'euros de bénéfices en 2008, ce qui représente 38,5 milliards de moins que l'année précédente. Le changement de régime est notable pour ces entreprises habituées à voir leurs bénéfices progresser en moyenne de 33 % chaque année depuis 2002, mais elles jouissent de toute l'attention des autorités pour les remettre sur la voie de la croissance.
Priorité aux infrastructures
Alors que les délégués de tout le pays s'apprêtent à se réunir demain pour la grand-messe annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP) à Pékin, les indicateurs économiques multiplient les mauvais scores. Le ralentissement des entreprises publiques, qui emploient des centaines de millions de personnes et représentent 40 % de l'économie chinoise, ne vient pas rassurer les dirigeants inquiets de la montée du chômage et de ses conséquences sur la stabilité sociale.
La crise financière n'est pas seule responsable de ces chiffres inquiétants. Tempête de neige, séisme et Jeux olympiques d'été ont également pesé sur les comptes de ces grands groupes, très présents dans l'industrie lourde et dans l'automobile. En phase de restructuration, ces secteurs bénéficient d'une place de choix dans le plan de relance de Pékin à 465 milliards d'euros, qui accorde la priorité aux infrastructures.
Face à la multiplication des licenciements dans le privé, le secteur public a récemment bénéficié d'un regain de popularité.
En novembre dernier, 750 000 étudiants et jeunes diplômés cessaient de courir après des augmentations de salaire improbables pour se présenter au concours d'entrée de la fonction publique. Les sociétés d'État sont mises sous pression par Pékin pour limiter les licenciements. Elles risquent également de créer de l'emploi, même bradé. Le gouvernement central s'efforce de faire entrer sur le marché du travail 1,5 million d'étudiants sortis de l'université en 2008 sans emplois, qui seront rejoints par plus de 6 millions de camarades, l'été prochain.
Julie DESNE
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