A l'occasion de la session annuelle du Parlement ouverte le 5 mars, le gouvernement chinois pourrait annoncer un plan de soutien à l'économie de plus de 1 100 milliards d'euros, soit un tiers du produit intérieur brut (PIB), sans que l'on sache si cette somme s'ajouterait ou non aux 465 milliards d'euros annoncés en novembre 2008.
Fidèle à ses habitudes, Pékin a laissé filtrer la nouvelle, faisant bondir la Bourse de Shanghaï de 6 % mardi, le cours du cuivre de 6 % mercredi, et celui du baril en Asie à 45,14 dollars, jeudi. Les marchés anticipent que cette manne provoquera un sursaut salvateur pour l'économie mondiale.
Devant 2 985 délégués, le premier ministre, Wen Jiabao, s'est contenté de détailler le vaste plan de 4 000 milliards de yuans (465 milliards d'euros) annoncé en novembre. " Nous faisons face à des défis et des difficultés sans précédent ", a-t-il déclaré, car " la crise financière mondiale continue de s'étendre et de s'aggraver ". Mais la Chine est capable d'affronter cette tourmente et de réaliser, en 2009, une croissance de 8 %, a déclaré M. Wen. Le consensus des experts annonce des troubles sociaux si ce taux n'est pas atteint.
M. Wen a fixé à 3 % du PIB le déficit budgétaire de 950 milliards de yuans et à 4 % le taux d'inflation qui résulteront de ces mesures destinées à " veiller à l'harmonie et à la stabilité de la société " chinoise.
Deux secteurs se tailleront la part du lion. Quelque 908 milliards de yuans iront à la construction et à la modernisation des infrastructures (routes, voies ferrées, ports, aéroports, télécommunications) et 716 milliards aux zones rurales, oubliées de la formidable croissance enregistrée depuis dix ans.
Troisième domaine de prédilection, la protection sociale mobilisera 293 milliards de yuans, affectés en priorité à la mise sur pied d'un système médical permettant à tous de bénéficier de soins de base.
La science et la technologie (146 milliards de yuans), la reconstruction du Sichuan frappé par un séisme en 2008 (130 milliards) et une politique de l'emploi destinée à créer 9 millions d'emplois dans les zones urbaines où 20 millions de travailleurs migrants ont été licenciés (42 milliards) figurent aussi parmi les priorités.
Grâce à ses réserves de change de 1 800 milliards de dollars et à un faible endettement (environ 20 % du PIB), la Chine n'aura aucun mal à financer cette relance. Elle pourrait la compléter par un effort supplémentaire que les experts du Fonds monétaire international (FMI) la pressent de réaliser dans la couverture sociale de sa population.
En effet, celle-ci n'a ni assurance-maladie ni retraite dignes de ce nom, ce qui la pousse à pratiquer une épargne excessive. Ce comportement de précaution entrave une consommation intérieure incapable de prendre le relais de la demande étrangère défaillante. La création d'une véritable Sécurité sociale d'ici à 2020 coûterait plusieurs centaines de milliards de dollars.
Les marchés sont d'autant plus à l'affût d'un nouveau plan que l'économie chinoise semble frémir. Depuis un mois, les importations de fer ou de cuivre ont repris, annonçant un rebond de l'activité. Ce que semble confirmer l'indice PMI pour le secteur manufacturier de février qui fait dire à Natixis Asset Management, dans une note : " Les chocs constatés sur l'activité industrielle chinoise sont interrompus. L'indicateur synthétique est très supérieur en moyenne sur le premier trimestre à la moyenne du dernier trimestre 2008. " Philippe Waechter, directeur de la recherche économique, en conclut : " Il y a peut-être quelque chose qui est en train de se passer en Chine. " A confirmer.
Alain Faujas
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