TAÏWAN Les effectifs de l'armée seront réduits de 16 % au cours des cinq années à venir. Un signe que l'île rebelle évalue à la baisse la menace chinoise.
AU SEIN d'une Asie qui s'arme massivement, les dernières nouvelles venues de Taïwan semblent dénoter. L'« île rebelle » vient d'annoncer qu'elle taillait dans les rangs de ses troupes. Les effectifs seront réduits de 16 % au cours des cinq années à venir. Les forces taïwanaises, qui ont compté jusqu'à 600 000 hommes durant la guerre froide, ne devraient plus en aligner que 210 000 en 2014. À cette date, l'armée ne sera d'ailleurs plus formée que de professionnels et de volontaires, Taïwan ayant aussi décidé de mettre fin à la conscription à partir de 2011.
Cette cure d'amaigrissement est motivée par des soucis d'économie, mais aussi par une perception de la menace chinoise qui ne cesse de diminuer. La fréquence des fameux grands exercices annuels à tirs réels a déjà été réduite, puisqu'ils n'auront plus désormais lieu que tous les deux ans. Le budget de la défense 2009 a, lui aussi, été resserré. Sur le plan de la posture stratégique, petite révolution aussi. Les termes de « défense active » et de « frappes préventives » vont disparaître de la doctrine. En substance, Taïwan se réservait le droit d'attaquer des installations stratégiques chinoises en premier, si la guerre paraissait inévitable. Prônée sous la précédente présidence pro-indépendantiste, cette ligne fait place à la « défense défensive »...
Les dernières annonces taïwanaises sont un signe de plus du spectaculaire rapprochement entre Pékin et Taïpeh.
Pekin prêt à des discussions
Lors de l'ouverture de la session annuelle du Parlement chinois, le premier ministre, Wen Jiabao, a déclaré que Pékin était prêt à des discussions politiques et militaires, permettant d'aboutir à un « accord de paix ». Pour autant, et même si des « mesures de confiance » militaires sont à l'étude entre Pékin et Taïpeh, l'île ne désarme pas. L'état-major affirme viser plus la qualité que la quantité, et vouloir moderniser l'armée. La presse de Hongkong affirmait ainsi hier que Taïwan avait relancé auprès de l'Administration Obama une demande d'achats de chasseurs F16 de dernière génération. Et étudiait même l'acquisition de chasseurs américains F35, voire d'autres avions modernes. George Bush avait refusé cette vente de F16, même si une autre commande portant notamment sur des hélicoptères et des missiles avait été acceptée à l'automne dernier, conduisant Pékin à suspendre les relations militaires avec Washington. Elles viennent d'être renouées.
Selon une récente étude de Frost and Sullivan, la région sera d'ici à 2016 celle qui totalise les plus importants budgets militaires. Et ce en raison des efforts de défense de la Chine (+ 14,9 % en 2009) et de l'Inde (+ 24 % en 2009). Le cabinet de conseil estime que le budget réel de la défense chinoise passera ainsi de 120 milliards de dollars en 2007 à 255 milliards en 2016.
À cette date, l'Asie totalisera 32 % des dépenses militaires mondiales, la part de l'Amérique du Nord passant de 39 % à 29 %. Un signe de plus du basculement du monde...
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