De plus en plus pessimiste, le FMI prévoit une baisse du PIB mondial en 2009
Nous prévoyons que l'économie mondiale recule de 1,3 % en 2009, sa pire performance de l'après-guerre ", a commenté Olivier Blanchard, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), en présentant le Panorama économique mondial, mercredi 22 avril, à Washington.
Le FMI confirme ainsi le pessimisme dont il a fait constamment preuve depuis un an. En janvier, il pensait pourtant que la planète échapperait à la récession et qu'une croissance symbolique de + 0,5 % serait enregistrée en 2009. Il lui faut en rabattre une fois de plus, car la crise fait rage dans les économies développées (- 3,8 % en 2009) malgré une réelle résistance des économies émergentes et en développement (+ 1,6 %), notamment grâce à l'Afrique (+ 2 %) et bien sûr à l'Asie (+ 4,8 %), tirée par une Chine toujours vigoureuse (+ 6,5 %) et une Inde qui amortit le choc (+ 4,5 %). En revanche, l'Amérique latine bascule (- 1,5 %).
La crise financière a miné la confiance des acteurs économiques et fait chuter les Etats-Unis (- 2,8 %), premiers responsables de la tourmente. Mais le manque de coordination des politiques de relance se paie dans la zone euro par un recul encore plus marqué (- 4,2 %, dont - 3 % pour la France). Les déséquilibres monétaires et budgétaires de l'Europe centrale et orientale y provoquent un coup d'arrêt sévère (- 3,7 %).
Le FMI note que le commerce mondial s'effondre à toute allure (- 11 %), d'où les résultats catastrophiques des champions de l'exportation, pour les produits manufacturés le Japon (- 6,2 %) et l'Allemagne (- 5,6 %), pour les matières premières la Russie (- 6 %).
EXERCICE D'ÉQUILIBRISTE
" La croissance redeviendra positive dans les pays développés en 2010 et renouera avec des niveaux normaux à la fin de cette année-là ", a annoncé M. Blanchard. Malheureusement, cette très lente convalescence des grandes économies (0 % de croissance en 2010, dont + 0,4 % pour la France) ne permettra pas de stopper la montée du chômage dont le taux poussera en 2010 au-delà des 10 % dans la plupart des économies avancées : 19,3 % en Espagne, 13 % en Irlande, 11,7 % en Slovaquie, 11 % au Portugal, 10,8 % en Allemagne, 10,5 % en Belgique, Italie et Grèce, 10,3 % en France et 10,1 % aux Etats-Unis.
Dans ses commentaires, M. Blanchard s'est livré à un difficile exercice d'équilibriste. Il ne fallait pas étrangler la confiance qui a commencé à revenir avec le G20 du 2 avril à Londres. Les " hirondelles " et les " bouts du tunnel " célébrés de plus en plus bruyamment par les gouvernements ont la vertu de donner aux ménages l'envie de consommer à nouveau et aux entrepreneurs de reprendre leurs investissements. L'économiste en chef du FMI a donc applaudi les réponses politiques à la crise et, en particulier, les plans de relance qui ont enfin atteint les 2 % fatidiques du produit intérieur brut des pays du G20, taux préconisé par le Fonds pour soutenir la demande anémique.
Mais M. Blanchard était aussi chargé de tuer dans l'oeuf les tentations de soulagement et de démobilisation que suscitent chez les gouvernants les prémices d'un mieux. Aussi a-t-il rappelé que l'économie mondiale était écartelée entre deux forces, " l'une qui la tire vers le bas ; l'autre qui la tire vers le haut " et que, des deux, la plus puissante demeurait la force dépressive.
Il a souligné que le système financier reste très malade et que " plus cela durera, plus longue et plus grave sera la récession, plus cela aggravera l'état du système financier ".
S'ils veulent éviter que s'installe ce cercle vicieux potentiellement catastrophique, les gouvernements doivent mettre en application beaucoup plus vite qu'ils ne le font les politiques d'assainissement " qui vont du cantonnement des actifs toxiques à la recapitalisation des institutions financières ". Le FMI persiste à sonner le tocsin pour éviter le pire.
Alain Faujas
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