vendredi 17 avril 2009

Dollar-yuan : Washington ménage Pékin sur les devises - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20407 - International, vendredi, 17 avril 2009, p. 7

Dans son rapport semestriel, le département du Trésor américain n'accuse pas la Chine de manipuler son taux de change. Tim Geithner avait pourtant laissé entendre en janvier que Washington pourrait durcir le ton sur ce dossier.

Certains parlementaires américains accusent Pékin de sous-évaluer sa monnaie.

Le volte-face aura ravi Pékin. Après avoir lancé en janvier dernier, avant même son entrée en fonction officielle, que le président Barack Obama estimait « que la Chine manipulait sa devise », le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a finalement indiqué, hier, dans un rapport publié par ses services, que ni les autorités de Pékin, ni aucun autre partenaire commercial des Etats-Unis n'avait « manipulé leurs taux de change dans le but d'éviter d'avoir à ajuster sa balance des paiements, ou pour obtenir indûment des avantages comparatifs ». Le yuan reste, pourtant sous-évalué, remarque l'étude publiée chaque semestre.

Refusant de rompre avec les positions de l'administration Bush sur ce dossier sensible, la nouvelle équipe du département du Trésor justifie sa décision en pointant que « les autorités chinoises ont redit en janvier 2009 leur engagement en faveur d'une plus grande flexibilité du taux de change » du yuan que celui-ci s'est « apprécié de 16,6 % en termes réels entre juin 2008 et fin février 2009 », que le rythme d'accumulation des réserves de change chinoises semble ralentir et que « la Chine a mis en oeuvre un gros plan de relance budgétaire ».

« Décision politique »

Dès la publication du rapport, plusieurs parlementaires américains et lobbies industriels, qui accusent toujours Pékin de sous-évaluer sa monnaie pour faciliter ses exportations, se sont déclarés déçus. « Clairement, le Trésor a pris une décision politique et non économique », a tranché le sénateur républicain Lindsey Graham. Il soupçonne l'équipe Obama de vouloir éviter, en pleine crise économique, un conflit commercial ouvert avec la Chine, Pékin ayant régulièrement mis en garde Washington contre une éventuelle accusation de « manipulation ».

Interrogé, hier, sur la décision américaine, Jiang Yu, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a sobrement expliqué que son pays continuerait de maintenir le yuan à « un niveau raisonnable et équilibré, dans l'intérêt de la Chine et du reste de l'économie mondiale ».

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PHOTO - Les drapeaux chinois et américain sont placés à l'occasion d'une conférence sur le partenariat entre les deux pays dans le monde éducatif avec un accord "2009 U.S.-China Work Plan on Education Activities and the Joint Statement of Exchange and Cooperation in Higher Education", le 16 avril 2009 / Getty Images

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