vendredi 17 avril 2009

La Chine va moins bien qu'avant, mais mieux que les autres

Le Monde - Economie, samedi, 18 avril 2009, p. 13

Le point de vue de l'agence économique et financière Breakingviews.com

La Chine vient d'enregistrer son plus faible taux de croissance en mars, depuis 1992. Mais pas d'affolement. En effet, comparé au reste du monde, ce taux de 6,1 % reste très élevé. Quant au plan de relance de 585 milliards de dollars (450 milliards d'euros) du premier ministre chinois Wen Jiabao, il commence à porter ses fruits. Or, si aujourd'hui personne ne remet en cause l'efficacité de ces mesures, leurs effets pourraient être nocifs.

Quand on analyse le produit intérieur brut (PIB) d'un pays, il faut garder à l'esprit que cet indicateur de richesse doit être replacé dans son contexte. Seul, il ne signifie pas grand-chose et surtout il n'aide pas à la compréhension de la situation économique actuelle. De plus, en Chine, sa fiabilité reste sujette à caution.

Mais l'afflux des nouvelles statistiques est plutôt encourageant. Ainsi, l'investissement a grimpé de plus de 30 % en mars et les ventes au détail ont augmenté de 15 %. Ce sont bien là les effets attendus d'une stimulation budgétaire. En revanche, les exportations ont fortement baissé en mars - mais bien moins qu'en février.

Tout cela laisse à penser que la Chine a atteint le creux de la vague. Cependant, injecter des liquidités dans l'économie d'un pays n'est pas chose facile. En effet, la croissance de la masse monétaire a augmenté de 25 % à la suite d'une hausse du nombre de prêts accordés par les banques. Malheureusement, tout cet argent ne va pas forcément là où il devrait aller. Effectivement, les prix à la consommation sont en baisse, alors que celui des actions grimpe et que les transactions immobilières ont repris de manière spectaculaire.

Nous avons là les signes précurseurs d'un début de fièvre spéculative. Environ 40 % des prêts accordés par les établissements bancaires pourraient être utilisés pour des placements susceptibles de générer de forts revenus à court terme - comme les actions ou l'immobilier -, selon les estimations du Credit Suisse. Il se peut donc que Pékin ait réussi à vaincre certaines de ses maladies, mais une hausse des prix des actifs pourrait constituer une redoutable conséquence.

La route est encore longue et semée d'embûches. Distribuer du pouvoir d'achat aux consommateurs peut certes les inciter à dépenser plus, mais tant que la Chine ne s'attaquera pas aux vraies réformes, une croissance durable et réelle de la consommation ne verra pas le jour. Sans une refonte du système de protection sociale et des régimes de retraite, les Chinois continueront à thésauriser pour les jours difficiles. Malheureusement, sur ces deux points, l'information fait encore défaut. Il n'empêche que pour l'instant, de tous les malades, c'est bien la Chine qui semble souffrir le moins.

John Foley

(Traduction de Séverine Gautron)

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PHOTO - Chantier d'un pont en construction à Pékin, le 15 avril 2009 / Getty Images

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